Envoyer des lettres en Nouvelle-France – 104 histoires de Nouvelle-France - La radio Internet de la Nouvelle-France

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Envoyer des lettres en Nouvelle-France

Envoyer des lettres, à l’époque de la Nouvelle-France, était assez difficile, parce qu’il n’y avait aucun système postal.

Par exemple : si un habitant de Québec voulait envoyer une lettre en France, il devait attendre qu’un vaisseau soit prêt à partir.

Il confiait sa lettre au capitaine ou à un marin qui s’était engagé à faire parvenir la lettre en question, une fois arrivé en France.

Mais ça, c’était relativement facile… On était à Québec.

Imaginons maintenant un père jésuite ou un soldat qui vivait dans un poste reculé de la Nouvelle-France.

Il devait trouver un voyageur qui transporterait sa lettre à Montréal ou à Québec et qui, là-bas, trouverait quelqu’un qui de l’acheminerait en France.

Ça, c’était plus compliqué.

Et ce n’était pas rapide. Ça prenait souvent 1 an avant que la lettre se rende au bon endroit. Si elle s’y rendait. Parce qu’il y avait toujours des risques que le navire coule en chemin…

Donc, pour mettre toutes les chances de leur côté, les habitants envoyaient souvent 2 ou 3 copies de la même lettre à partir de 2 ou 3 bateaux différents. Ce qui veut aussi dire que le destinataire pouvait recevoir la même lettre 2 ou 3 fois… avec 1 an d’écart.

Quant à la réponse, c’était la même chose, mais de l’autre côté. Et avec les mêmes dangers.

Quoi qu’il en soit, quand envoyait une lettre de la Nouvelle-France à la France, on devait compter un minimum d’un an avant de recevoir une réponse, mais il n’était pas rare que ça en prenne 2. Et il n’était pas rare non plus qu’on reçoive la même réponse 2 années de suite.

Les habitants avaient si hâte de recevoir leur courrier qu’ils n’attendaient même pas que les navires jettent l’ancre avant d’aller les chercher. Ils allaient au devant des bateaux en chaloupe et le capitaine donnait aux premiers arrivés toutes les lettres qu’il avait.

Ce n’était pas un système très sécuritaire, parce qu’on s’est rendu compte que plusieurs lettres n’étaient jamais livrées, et que d’autres étaient ouvertes avant d’atteindre leur destinataire.

Ça a changé à partir du 20 juillet 1732, date où l’intendant Hocquart a publié une ordonnance par laquelle il défendait aux habitants de la ville d’aller chercher directement leurs lettres sur les navires. Les lettres devaient être données à des négociants de la ville et c’est là uniquement que les les habitants pouvaient aller les chercher.

Ensuite, il s’agissait de les faire acheminer à Montréal, ce qui n’était pas simple. Parce que les bateaux qui venaient de France n’allaient pas plus loin que Québec. Et il n’y avait aucune route terrestre qui reliait Québec, Trois-Rivières et Montréal.

Le premier facteur de la Nouvelle-France était un immigrant portugais nommé Pedro DaSilva, qu’on appelait aussi Pierre le Portugais. Voyant qu’il y avait un besoin à combler et flairant une bonne affaire, il a commencé, dès 1697, à transporter les lettres (surtout des lettres officielles du gouvernement) de Québec à Montréal.

Et en 1705, l’intendant Jacques Raudot l’a officiellement nommé messager, c’est-à-dire facteur. C’est lui qui était chargé de porter toutes les lettres officielles entre Québec, Trois-Rivières et Montréal et d’en rapporter les réponses.

Grâce à son titre officiel de messager, il pouvait compter sur la protection des troupes. Il offrait donc un service postal sécuritaire et bon nombre d’habitants lui confiaient aussi des lettres.

Il était payé 10 sols par lettre transportée entre Québec et Montréal et 5 sols entre Trois-Rivières et Québec, ce qui lui faisait un salaire assez décent.

Pedro DaSilva est mort en 1717 et en 1721, c’est Nicolas Lanoullier qui a obtenu le monopole du transport des lettres entre Québec et Montréal.

Et voilà. Vous savez maintenant qu’en Nouvelle-France, quand on envoyait une lettre, on n’attendait pas la réponse avant 1 an. Et qu’il était même possible qu’on la reçoive 2 ou 3 fois.

NNF

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