L’état des routes en Nouvelle-France
En Nouvelle-France, qui construisait les routes? Qui les entretenait?
Les habitants, bien entendu!
En hiver, c’était plutôt difficile de prendre la route en Nouvelle-France, parce que de la neige, il y en avait!
Et contrairement à aujourd’hui, on ne déneigeait pas les routes.
On plaçait plutôt des balises, c’est-à-dire des poteaux, qui suivaient le tracé de la route, pour nous indiquer où elle était même si elle était recouverte de neige .
Et quand je vous dis qu’il y avait beaucoup de neige, écoutez ça : les autorités de la Nouvelle-France exigeaient que les poteaux aient une hauteur d’environ 2 mètres et demi.
Et ces poteaux n’étaient pas fournis. C’était la responsabilité de chacun de se les procurer (ou de les faire soi-même) et de les placer le long de sa propriété.
Et on ne rigolait pas avec ça. Voler une balise, le long du chemin, c’était considéré comme un crime!
Mais ça, ce n’était que la première partie du travail.
Les habitants devaient aussi taper la neige devant leur habitation chaque jour et après chaque bordée de neige, question de rendre les routes praticables.
C’est un peu comme si aujourd’hui on étaient obligés de déneiger la rue devant notre maison chaque jour et après chaque bordée…
En été, tout comme aujourd’hui, c’était la saison où on en profitait pour réparer les routes et en construire de nouvelles.
Et qui les construisait? Les habitants, bien entendu!
Et qui payait pour les travaux? Les habitants, bien entendu! Tout le travail était fait à leurs frais.
Et le travail était obligatoire! Tout habitant qui refuserait de participer à la corvée était condamné à 10 livres d’amendes. Malgré tout, plusieurs personnes ne se présentaient tout simplement pas.
Ils devaient raser les souches, ôter les grosses roches et faire des ponts là où c’était nécessaire.
Et, on s’imagine bien, le travail n’était pas toujours bien fait.
Il y a l’exemple d’un habitant nommé Fayant qui, en 1739, est tombé d’un pont en hiver parce qu’on n’avait placé aucun garde-fou sur le pont. La glace s’était accumulée, il a glissé et il est mort.
Tout ça à cause de la négligence des habitants chargés de construire le pont.
Chaque année, les autorités étaient obligées de répéter aux habitants l’obligation de s’occuper de l’entretien des routes.
Au point où les intendants ne se gênent pas pour le dire dans les règlements qu’ils font publier. Et on peut sentir, d’année en année, leur exaspération monter d’un cran.
Voici ce que l’intendant Claude-Thomas Dupuys écrivait, en 1727 : «Et attendu que, nonobstant qu’il ait été rendu tous les ans une pareille ordonnance et qu’il y ait chaque année une égale nécessité de baliser les chemins pour en établir la sureté, on se met pourtant point en devoir de le faire que la même ordonnance ne soit rendue ce qui n’est nullement conforme au bon sens et à la raison, dans un pays où les neiges tombent tous les ans en aussi grande quantité et séjournent autant de temps sur la terre les habitants devraient penser d’eux-mêmes, chaque année, à se procurer le même secours, sans attendre sur ce une ordonnance de nous ».
À l’époque de la Nouvelle-France, c’était donc aux habitants eux-mêmes à construire et entretenir les routes. Mais ça ne veut pas dire qu’il y avait moins de réparations faire qu’aujourd’hui…