Qu’est-ce qui faisait rire les gens en Nouvelle-France?
L’humour en Nouvelle-France est comme le nôtre : il y en a du bon, du mauvais, mais surtout, il y en a pour tous les goûts !
Prenons le cas du théâtre. Si je vous dis XVIIe siècle, théâtre, comédie, il y a de bonnes chances que vous pensiez à Molière. Mais avant Molière, il y a eu Tabarin qui a eu un succès énorme en France et qui faisait rire les gens avec un humour disons… douteux.
Et comme aujourd’hui, on s’amusait aux dépens de certaines personnes. On riait de leurs travers, de leurs défauts, et, comme aujourd’hui, il arrivait qu’on aille un peu trop loin aux goûts de certains : en 1708, un membre du Conseil Supérieur, Martin de Lino, s’est plaint officiellement, parce que dans certaines chansons, on le ridiculisait parce qu’il avait pris le titre de «Messire» publiquement. L’intendant Raudot avait publié une ordonnance pour interdire de chanter ces chansons-là, mais c’était loin de décourager les habitants! Au contraire, ils se sont mis à les chanter de plus belle et même ils se sont mis à payer des enfants pour qu’ils les chantent dans les rues.
On aimait aussi se lancer dans des batailles de devinettes et, bien entendu, l’humour grivois, surtout si ça choque un petit peu.
En 1692, le sieur Mareuil, qui avait peut-être bu un petit peu trop, s’est mis à improviser une chanson grivoise en présence du curé de Batiscan qui, lui, ne l’a pas trouvée drôle. Il est allé se plaindre à Frontenac lui-même!
Cela étant dit, même les membres du clergé s’en permettaient quelques fois : en 1730, Madeleine de Verchères a accusé le curé Lefebvre de Batiscan d’avoir tenu des propos grivois et d’avoir composé et chanté des litanies burlesques. Il a été condamné à la fin du mois d’août 1730, mais le jugement a été renversé 4 mois plus tard. Mais Madeleine de Verchères ne voulait pas lâcher le morceau et deux ans plus tard, en 1732, elle s’est embarquée pour la France pour s’en plaindre devant le conseil du Roi lui-même !