13 Mars 1722
Vaisseaux méditerranéens mis en quarantaine à l’Île-aux-Coudres
Le 13 mars 1722, l’intendant Bégon a nommé Pierre Tremblay responsable de la mise en quarantaine de tous les navires en provenance de la Méditerranée. Ils devront mouiller dans la rade de la prairie de l’Île-aux-Coudres afin d’en permettre leur inspection par des médecins, en suivant l’ordonnance du 20 octobre précédent.
Cette mesure exceptionnelle visait à protéger la Nouvelle-France de l’épidémie de peste qui sévissait alors dans la région de Marseille.
De nombreux pays et plusieurs régions du Royaume de France avaient déjà adopté des plans d’urgence face à l’avancée de cette maladie hautement contagieuse qui, dans certaines villes, avait tué plus de 60% de la population.
Voulant éviter un tel fléau aux habitants de la Nouvelle-France, le gouverneur Vaudreuil et l’intendant Bégon avaient signé, le 20 octobre 1721, une ordonnance qui imposait la mise en quarantaine de tout bâtiment provenant d’un port de la Méditerranée ou qui y aurait mouillé.
L’ordonnance comprenait une liste de mesures à suivre à l’arrivée des bâtiments en question :
- Les vaisseaux mettront leur pavillon en berne et mouilleront à la rade de la prairie à l’Île-aux-Coudres;
- Ils tireront 3 fois du canon à 15 minutes d’intervalle pour avertir de leur arrivée ;
- À défaut de canons, ils tireront 3 fois du fusil à 15 minutes d’intervalle;
- Ils recommenceront à toutes les 2 heures jusqu’à ce que les personnes chargées d’aller à leur bord soient arrivées;
- Les habitants chargés de la visite des bâtiments devront s’y rendre aussitôt qu’ils auront entendu les signaux;
- Dès qu’ils seront assez proches pour se faire entendre, ils poseront les questions suivantes :
- D’où vient le navire?
- Quels ports a-t-il touchés?
- Y avait-il de la maladie contagieuse dans ces ports?
- Y a-t-il eu des malades pendant la traversée?
- Y a-t-il eu des morts? Si oui, combien et de quelle maladie?
- Y a-t-il présentement des malades à bord? Combien? Quelle maladie?
- Les habitants leur demanderont ensuite s’ils ont besoin de vivres et de rafraîchissements. Si oui, ils leur indiqueront le lieu et le moment où ils pourront aller les chercher. L’endroit sera marqué d’un poteau.
- Il est défendu aux capitaines et aux maîtres d’envoyer les chaloupes à terre, de débarquer des passagers (ou équipage) ou de simplement communiquer avec des habitants de la colonie, sous peine de punition corporelle contre le capitaine, le maître et ceux qui seraient descendus à terre;
- Il est défendu de descendre des marchandises. Elles seront immédiatement brûlées sur le lieu où elles se trouveront et ce, sans autre forme de procès;
- Il est défendu aux capitaines et aux maîtres des bâtiments de quitter le mouillage pour venir à Québec ou ailleurs dans la colonie, même s’ils n’ont aucun malade à bord. Les autorités devront tout d’abord être informées de leur arrivée et prendre connaissance du rapport des médecins et chirurgiens qui en auront fait la visite.
- Il est défendu à quiconque de communiquer avec les équipages ou passagers des navires, sauf aux habitants qui auront été nommés par les autorités.