8 Décembre 1705
Témoins rappelés dans l’affaire Ladéroute-Lapointe
Le 8 décembre 1705, l’intendant Jacques Raudot a signé une ordonnance pour que tous les témoins entendus contre François Séguin dit Ladéroute et Jean-Baptiste Lapointe se présentent à nouveau devant les autorités pour confirmer leurs dépositions.
Les deux hommes étaient accusés d’avoir tenu des propos séditieux dans le cadre de manifestations populaires à l’automne 1705, dans la région de Montréal.
Un petit rappel des faits
À l’automne 1704, une révolte des habitants de Montréal avait éclaté. La ville se préparait à une pénurie de sel et quelques marchands, flairant le profit, vendaient leur sel à un prix exorbitant.
Le 18 novembre 1704, un grand nombre d’habitants (environ 10% de la population de la région de Montréal) ont marché vers la ville pour réclamer un prix juste pour le sel (pour en savoir plus sur cette émeute, je vous recommande d’écouter la capsule des 104 histoires de Nouvelle-France intitulée « La révolte salée de Vaudreuil »).
Le pouvoir d’achat des habitants dégringolait à vue d’oeil. Les autorités craignaient une nouvelle manifestation. Elle a eu lieu à l’automne 1705.
Réponse des autorités
En 1704, le gouverneur Vaudreuil, à la grand surprise de bien des gens et contrairement aux habitudes des politiciens du temps (il en subira d’ailleurs les remontrances de Pontchartrain, le ministre de la marine), avait fait preuve de compréhension envers les manifestants et n’avait procédé à aucune arrestation.
Mais en 1705, il comprenait bien qu’il devait réagir. Le pouvoir central, en France, n’accepterait jamais qu’il laisse une seconde révolte passer sans trouver de coupable.
Il a donc demandé au gouverneur de Montréal, Ramezay, de faire arrêter quelques-uns des révoltés.
Le 31 octobre 1705, François Séguin dit Ladéroute et Jean-Baptiste Lapointe ont été arrêtés et accusés non seulement d’avoir mené la révolte de 1705, mais aussi d’avoir menacé les habitants des autres paroisses en leur disant que s’ils ne participaient pas, lui et ses complices les « saccageraient tous ».
Depuis cette date, les 2 prisonniers et plusieurs témoins ont été interrogés.
Mais visiblement, les autorités ont d’autres questions à poser et c’est pourquoi on demande aux témoins de revenir pour être interrogés à nouveau.
Décision finale des autorités
Les autorités ont rendu leur décision finale sur les 2 accusés le 9 janvier 1706. L’intendant Raudot les a réprimandés, les a condamnés à une amende de 10 écus et les a absous.
Cette décision a grandement déplu au ministre de la marine, Pontchartrain. Mais ça, c’est une autre histoire…