janvier – 2018 – 104 histoires de Nouvelle-France - La radio Internet de la Nouvelle-France

Des histoires qu'on ne trouve pas dans les livres d'histoire...

Autres histoires

001 – Marie-Anne Barbel, une femme d’affaires de Nouvelle-France

Pour cette première histoire de Nouvelle-France, j’ai voulu vous raconter la vie étonnante de Marie-Anne Barbel, veuve Fornel qui fut, au XVIIIe siècle, une femme d’affaires prospère de la ville de Québec.

La Nouvelle-France, tout comme la France de l’époque, était une société dominée par les hommes où les droits des femmes étaient presque nuls. Pourtant, certaines femmes ont su tirer leur épingle du jeu de façon fort étonnante.

Le mari de Marie-Anne Barbel, Jean-Louis Fornel, possédait plusieurs maisons dans la ville de Québec et aux alentours. Il était aussi impliqué dans le commerce des fourrures. Pendant ses longues absences, c’est Marie-Anne Barbel qui prenait soin des affaires. À la mort de son mari, elle a pris le contrôle de l’entreprise et elle a réussi à plusieurs endroits où Jean-Louis Fornel avait échoué.

Pour en savoir plus :
Marie-Anne Barbel, dans le Dictionnaire biographique du Canada (en ligne)

– Lilianne Plamondon, Une femme d’affaires en Nouvelle-France, Marie-Anne Barbel (thèse de m.a., université Laval, 1976

002 – La propreté des rues de Montréal

La propreté des rues de Montréal n’est pas une préoccupation nouvelle. Il y a quelques années, je suis tombé sur un article qui relatait une ordonnance qui datait de 1715 dans laquelle Jacques-Alexis de Fleury, ecuier, sieur Deschambault, lieutenant-général, civil et criminel de la juridiction de Montréal enjoignait les habitants de nettoyer les trottoirs (qu’on appelait banquettes) devant leur maison sous peine d’amende… Ces nettoyages concernaient aussi les cochons qu’on laissait courir dans la rue.

Pour en savoir plus :

É.-Z. Massicotte, «Ordonnance inédite de M. de Fleury Deschambault, concernant les rues de Montréal, en 1715», Bulletin de Recherches historiques, vol. 22, 1916, p. 81

FLEURY DESCHAMBAULT (d’Eschambault), JACQUES-ALEXIS DE, dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne

003 – Le nom des repas

Comment nommait-on les repas en Nouvelle-France? Comme les Québécois d’aujourd’hui («déjeuner», «dîner», «souper») ou comme les Français («petit-déjeuner», «déjeuner», «dîner») ?

La question peut sembler futile (et j’avoue qu’elle n’est certainement pas la question historique la plus importante qui soit), mais elle est très intéressante au niveau de l’histoire de la langue française, car les mots ne sont pas seulement un agencement de sons, mais sont souvent très logiques.

Dans cet épisode, je vous expliquerai donc d’où viennent les mots «déjeuner», «dîner» et «souper».

C’est la première émission qui traite de l’histoire de la langue française, mais je vous promets que ce ne sera pas la dernière.

Pour en savoir plus (en ligne) …

– Sur l’origine du mot DÉJEUNER

– Sur l’origine du mot DÎNER

– Sur l’origine du mot SOUPER

004 – Les monstres du Saguenay

Cette 4e histoire de Nouvelle-France fait référence à un court passage du récit du 2e voyage de Jacques Cartier. Il y relate le témoignage du chef Donnacona selon qui il y aurait, au bout de la rivière Saguenay, un royaume dans lequel les habitants seraient habillés comme les Français et qui seraient à la fois humains et monstres.

Par exemple, selon ses dires, le Saguenay abriterait des êtres qui n’ont qu’une jambe et qui se déplaceraient en sautant.

Est-ce là une légende amérindienne? Eh non…

Ce passage des écrits de Jacques Cartier n’est pas souvent cité, mais il vaut la peine qu’on s’y attarde, car il nous en dit long sur la vision du monde qu’avaient les Occidentaux de son époque.

Pour consulter le livre où se trouve ce passage (en ligne) :

CARTIER, Jacques, «Bref récit et succinte narration de la navigation faite en MDXXXV et MDXXXVI»

005 – Des Jésus sans barbe

Charles Garnier, jésuite de la Nouvelle-France

Charles Garnier, jésuite de la Nouvelle-France

Un aspect du choc des cultures qu’ont subi les Français à leur arrivée en Nouvelle-France m’a toujours beaucoup fait rire : les Amérindiens ridiculisaient les Français à cause de leur barbe. À prime abord, ça peut paraître anodin, mais cela a eu des conséquences inattendues pour les Jésuites qui tentaient de convertir les Amérindiens : si ceux-ci ridiculisaient les hommes qui portaient la barbe, comment les Jésuites réussiraient-ils à leur faire admettre un Dieu barbu ?

Ça a été assez loin pour que le jésuite Charles Garnier (un des saints martyrs canadiens) demande officiellement qu’on lui envoie des Jésus sans barbe…

Est-ce que ça a été suivi par les autres?

Il faut dire que Charles Garnier était lui-même imberbe et qu’ils nous avoue dans ses lettres qu’il a été grandement ridiculisé en France à cause de cela. Il nous dit aussi qu’il était très heureux de se retrouver, en Nouvelle-France au milieu des autochtones, dans une société où non seulement on ne riait pas de lui, mais on le trouvait aussi assez beau.

Pour en savoir plus :

GARNIER, Charles, Lettre de Saint-Charles Garnier à son frère, le père Henri de Saint-Joseph, carme, de Teanaustayae, sans date(1645 ?), Rapport de l’archiviste de la province de Québec, Imprimeur de Sa Majesté le Roi, 1929-1930, p. 35 (pas en ligne)

De ROCHEMONTEIX, Camille, Les Jésuites et la Nouvelle-France au XVIIIe siècle : d’après des documents inédits, Paris, A. Picard et fils, 1906 – à la p. 339, il mentionne que les Jésus étaient sans barbe, mais sans donner de source.

SAGARD, Gabriel, Histoire du Canada et voyages que les frères mineurs recollects y ont faicts pour la conversion des Infidelles, Paris, 1636 – Livre second, Chapitre XXIII

006-Changer de linge ou prendre un bain?

Comment préférez-vous vous laver? En prenant un bain (ou une douche) ou en changeant de chemise?

Aujourd’hui, personne ne remettrait en question l’usage du bain ou de la douche pour se laver… Et pourtant, pendant une grande partie de l’histoire de la Nouvelle-France, les médecins déconseillaient avec vigueur de prendre des bains. Ils affirmaient que l’eau était néfaste pour l’hygiène.

Au lieu de prendre un bain, les médecins préconisaient plutôt le changement de chemise (qu’on appelait alors «linge»). Plus elle était blanche, plus nous étions propre…

Pour en savoir plus :

CABANES, Auguste, Mœurs intimes du passé, Paris, Albin Michel, 1908

GOURDEAU, Claire, Les délices de nos coeurs: Marie de l’Incarnation et ses pensionnaires amérindiennes, 1639-1672, Septentrion, 1994, 128 p.

VIGARELLO, Georges, Histoire des pratiques de santé – le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1993

007-Y avait-il des carcans en Nouvelle-France?

Je n’ai jamais remis en question l’idée que le carcan était utilisé comme forme de punition en Nouvelle-France jusqu’à ce des personnes dignes de foi m’affirment le contraire, disant que cette peine était médiévale et qu’elle n’avait jamais eu cours ici.

M’étais-je trompé toutes ces années? Et que dire de tous ces musées de la Nouvelle-France qui présentent des reproductions de carcans? Ce ne serait pas la première fois qu’une idée fausse soit passé dans l’imaginaire collectif.

Étonné, j’ai donc effectué quelques recherches pour m’apercevoir que dès le départ, je me trompais dans la définition d’un carcan…

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, «Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle», Ottawa, Cercle du livre de France, 1966

«Bulletin de recherches historiques», vol. 3, 1897, p. 14

LEJEUNE, Paul, «Relation des Jésuites», vol. IX, 1636

«Jugements et délibérations du Conseil souverain de la Nouvelle-France», vol. I et IV

008-Le billard en Nouvelle-France

Le jeu de billard ne date pas d’hier. Et à l’époque de la Nouvelle-France, on aimait bien le pratiquer. Et le pratiquer comme aujourd’hui, c’est-à-dire en mélangeant les plaisirs du vin et du jeu. Et ce, autant dans les hautes sphères de la société que dans les plus basses. Tellement que les autorités ont dû imposer des règlements et sévir à l’occasion…

En Nouvelle-France, le billard ressemblait déjà à notre propre jeu, à la grande exception que le bâton était recourbé.

Pour en savoir plus :

MASSICOTTE, E-Z, «Le jeu de billard sous le régime français», BRH, XXIII, 1917, p. 153

ROY, Pierre-Georges, «Le billard sous le régime français», in Petites choses de notre histoire, vol. 3, Lévis, 1919, pp. 242-247

009-Un hold-up à Montréal

On aurait pu croire que la criminalité ne serait pas un très grave problème en Nouvelle-France, grâce au fait que la population étant si petite, il serait facile de trouver le coupable de tout crime.

Et pourtant…

À l’automne 1683, de jeunes hommes se sont hasardés à commettre des vols à mains armées dans les rues de Montréal (qu’on appelait alors Ville-Marie).

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, Les crimes et les châtiments au Canada français, Ottawa, Le Cercle du Livre de France, 1966, pp. 130-132

CARTIER, Jacques, Voyages de découverte au Canada entre les années 1534 et 1542: suivis d’une biographie de Jacques Cartier par René Maran, Anthropos, 1843

MASSICOTTE, Édouard-Z., «Un hold-up à Montréal en Nouvelle-France», BRH, vol. 34, 1928, pp. 264-265

010-Comment envoyait-on des lettres en Nouvelle-France?

Voilà une question qu’on ne se pose pas souvent, mais qui était primordiale pour les habitants de la Nouvelle-France, car la poste était ni plus ni moins que le seul moyen de communication entre les grands centres.

Bien qu’il y ait eu quelque tentatives d’établir un système postal en Nouvelle-France, on peut résumer celui-ci en un seul mot : inexistant. Les gens se débrouillaient comme ils pouvaient et en ayant recours à certains trucs astucieux…

Pour en savoir plus :

FLEMING, Patricia, GALLICHAN, Gilles, LAMONDE, Yvan, Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, Montréal, PUM, 2004, p. 122

ROY, Pierre-Georges, «La poste sous le régime français» dans «Toutes petites choses du régime français», Québec, éd. Garneau, vol.2, 1944, pp. 204-205

011-Les Amérindiens et les étoiles

L’idée de cet épisode vient de la surprise que j’ai eue en lisant le compte-rendu de Joseph-François Lafitau dans lequel il démontre que les visions qu’avaient les Français et les Iroquois du ciel étoilé étaient beaucoup plus rapprochées qu’on pourrait le croire…La Nouvelle-France est fille de la mer. Et tout marin qui se respectait à l’époque pouvait se guider grâce aux étoiles et aux constellations.

Les premiers chroniqueurs de la Nouvelle-France pensaient trouver chez les autochtones une société sauvage, c’est-à-dire sans civilisation et sans grande connaissance, surtout des astres.

Ils ont été surpris de se rendre compte que non seulement ils avaient une certaine connaissance des étoiles, mais ils avaient aussi regroupé celles-ci en constellations, tout comme en France.

Pour en savoir plus :

LAFITEAU, Joseph-François, «Moeurs des sauvages ameriquains, comparées aux moeurs des premiers temps», Charles Estienne Hochereau, 1724, pp. 235 – 238

012- Les Français et la forêt

On sait bien qu’une des premières choses qui ait frappé les Français quand ils sont arrivés ici, ça a été l’étendue du territoire et l’abondance des forêts. Ce n’est pas très différent d’aujourd’hui, vous me direz… Mais la relation qu’avaient les Français avec la forêt dans les premières années de la Nouvelle-France est très différente de la nôtre. La forêt ne symbolisait pas le grand air, les promenades en amoureux et l’exotisme du retour à la terre.

En d’autres mots, il ne serait jamais venu à l’idée de personne de faire du camping à cette époque.

013- Emprisonné pour une chanson…

Cette semaine, je suis tombé sur un événement curieux qui s’est passé à Montréal au début du XVIIIe siècle. Un dénommé Jean Berger a été emprisonné pour avoir… écrit une chanson.

En réalité, il était déjà en prison, car on l’avait faussement accusé d’avoir battu un homme en compagnie d’un complice. On l’a gardé plus longtemps en prison, on lui a imposé une amende et une peine de carcan parce qu’il avait eu la mauvaise idée d’écrire ladite chanson qui dénonçait certaines personnes de la ville.

Voici, d’ailleurs, la transcription de la chanson :

«Approchez tous petits et grands
Gens de villemarie
On va réciter a présent
Cette chanson jolie
Que l’on a fait sur ce ton-là
Afin de vous mieux réjouir

Le beau jour de la St-Mathias
Le pauvre St-Olive
Rencontra devant l’hôpital
Deux inconnus boudrilles
Qui chacun avec un bâton
L’ont fait danser bien malgré luy

À chaque coup qu’on lui donnait
Ce monstre de nature
Criait Messieurs épargnez moy
Car il fait grand’ froidure
Et je vous demande pardon
De moy Messieurs faites mercy.

Après qu’on l’eut bien bâtonné
lIs l’ ont laissé par terre
Et luy à peine s’est-il retiré
Chez luy bien en colère
Criant d’un pitoyable ton
On m’a mis le dos en charpy.
Sur leur bonne conscience
Nous étions tous dans nos maisons
Comme l’on battait ce chetty.

II envoya quérir soudain
Messieurs de la justice
Donnant l’argent à pleine main
Pour que l’on les punisse
Les messieurs ont dit sans façon
Dans la prison ils seront mis.

Le lendemain de grand matin
On voit agir sans teste
Tous les huissiers la plume en main
Pour faire des requettes
Donnant forces assignations,
À gens qui étaient dans leur lit.

Aussytost tous les assignés
S’en vont tous à l’audience.
C’était pour être interrogé,
Sur leur bonne conscience
Nous étions tous dans nos maisons
Comme l’on battait ce chetty.

Ceux qui auront plus profité
De ce plaisant affaire
Messieurs les juges et les greffiers
Les huissiers et notaires
lIs iront boire chez Lafont
Chacun en se moquant de luy.

Et toi mon pauvre Dauphiné
que je pleure ta misère
De t’aitre laisse battonner
Sans pouvoir les reconnaitre.
II t’en coutra de tes testons
Sans le mal que tu peux souffrir

Pour moy je déclare et conclus
Que s’y l’on me demande
Que si non content d’être battu
II y payera l’amende
Par ses fausses accusations;
Le tout pour lui apprendre à mentir. » !

Note : J’ai changé les accents, mais j’ai laissé quelques erreurs d’orthographe propres à Jean Berger.

Pour en savoir plus :

• BOYER, Raymond, Les crimes et les châtiments au Canada français, Ottawa, Le Cercle du Livre de France, 1966, pp. 429-430
• MASSICOTTE, Édouard-Zotique, Faits curieux de l’histoire de Montréal, Montréal, Beauchemin, 1924, pp. 38-44
RHEAULT, Marcel J., La médecine en Nouvelle-France : les chirurgiens de Montréal (1642-1760), Montréal, Septentrion, 2004, 334 p. (pages sur Claude le Boiteux de Saint-Olive : 292-294)
• ROY, Pierre-Georges, Bulletin de recherches historiques, 1920-21, vols. 26-27

La copie de la chanson se trouve :
Jugements et deliberations du Conseil Souverain, vol. V, p. 1025

014- L’affaire du prie-dieu à Montréal

Monseigneur de Saint-Vallier, évêque de Québec

Monseigneur de Saint-Vallier, évêque de Québec

Cette 14e histoire de Nouvelle-France vous raconte une querelle entre Mgr de Saint-Vallier et le sieur de Callières pour savoir qui des deux aurait son prie-dieu le plus près de l’autel dans l’église des Récollets, à Montréal. Cette querelle a duré près d’un an et demi, divisant la population de Montréal sur la question.

À une époque où il ne serait jamais venu à l’esprit de personne de tutoyer ou de nommer par son prénom une personne occupant un rôle politique important, les règles de préséance et d’étiquette revêtaient une importance qu’on ne soupçonnerait pas aujourd’hui.

Ou, devrais-je dire, les endroits où l’étiquette était importante n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui : alors qu’aujourd’hui, plusieurs personnes-politiques rêvent d’avoir un siège à l’ONU, plusieurs hauts personnages de la Nouvelle-France se sont querellés pour savoir qui aura le siège le plus rapproché… de l’autel, à l’église.

Ça peut faire sourire. Mais à une époque où la religion et les affaires de l’État étaient souvent entremêlées, cette question revêtait un caractère politique très fort. Et encore aujourd’hui, on le remarque dans tous les pays où la religion côtoie la politique… et nous n’avons pas à regarder très loin.

Pour en savoir plus :

«L’affaire du prie-dieu, à Montréal, en 1694», Rapport de l’archiviste de la province de Québec, 1923-24, vol. 4, pp. 71-110

ROY, Pierre-Georges, La ville de Québec sous le régime français, vol. 2, Québec, Service des Archives du gouvernement de la Province de Québec, vol. 2, 1930, pp. 79-80

Dictionnaire biographique du Canada en ligne

015- Mathurin Jouaneaux et sa maison souterraine

Dans cette 15e histoire de Nouvelle-France, je vous raconte l’histoire de Mathurin Jouaneaux qui a construit une des habitations les plus inusitées de Nouvelle-France : pour mieux se protéger des attaques iroquoises, il a bâti sa maison sous terre !

Pour en savoir plus :

FAILLON, Étienne Michel, «Histoire de la colonie française en Canada», Bibliothèque paroissiale, pp. 9, 102-105, 540-541

MASSICOTTE, E.-Z.,«Le castel souterrain d’un colon de Montréal au 17e siècle», Bulletin de recherches historiques, vol. 44, 1942, pp. 137-138

MASSICOTTE, E.-Z., «Contribution à la petite histoire», Cahier des dix, vol. 9, 1944, pp. 245-246 (même texte que celui qu’on trouve dans le BRH)

L’écho du cabinet de lecture paroissial de Montréal, 1871, pp. 19-20


016- La crise économique et la Nouvelle-France

Cette semaine, je sors de mes habitudes. Je vous présente moins une histoire à proprement parler qu’une introduction à d’autres histoires qui viendront dans les prochaines semaines et dont le thème central est l’économie en Nouvelle-France.

Lorsqu’on vit une crise (comme la crise économique que nous traversons présentement), on a souvent tendance à penser qu’«avant c’était mieux» et que la vie et les échanges étaient plus faciles. Je me suis dit qu’il serait intéressant de faire un petit retour sur le passé pour voir comment nos ancêtres ont su conjuguer avec l’économie.

Je suis donc allé voir comment ça s’était passé en Nouvelle-France. Et ce que j’y ai trouvé m’a donné un choc : la Nouvelle-France a été en crise économique perpétuelle. Ce ne sont pas tant les difficultés économiques qui m’ont surpris, mais plutôt l’ampleur de cette crise.

Je ne prétends pas faire ici un tableau exhaustif de la situation économique de la Nouvelle-France, car le temps et l’espace à y attribuer serait trop long, mais j’espère que cet épisode servira d’introduction à ce vaste sujet.

Pour en savoir plus :

MATHIEU, Jacques, La Nouvelle-France : les Français en Amérique du Nord, XVIe-XVIIIe siècle, Québec, PUL, 1991

017- Pour en finir avec les moé et les toé

En Nouvelle-France, comment prononçait-on les lettres «oi» comme dans moi, toi, le roi et Jean-François?

Aujourd’hui, pour imiter le langage de nos ancêtres, on s’amuse à substituer tous les sons «oi» en «oué» en disant moé, toué, roué, Jean-Françoué en prétendant que c’est l’accent ancien du français. Mais parlaient-ils réellement comme de cette façon ?

La réponse n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le croire, et, je l’avoue, certainement pas aussi évidente que je l’ai cru pendant plusieurs années. Il est vrai que pendant plusieurs siècles, la «bonne» prononciation française demandait qu’on utilise «ouè», mais il est faux de dire que c’était le cas partout.

Je suis donc retourné dans les livres de grammairiens du XVIe au XIXe siècles pour tenter d’y voir plus clair.

Pour en savoir plus :

BUFFIER, Claude, Grammaire françoise, sur un plan nouveau, avec un traité de la prononciation des e, & un abregé des raglas de la poesie françoise, Paris, M. Bordelet, 1754

CHIFLET, Laurent, Essay d’une parfaite grammaire de la langue françoise, Bruxelles, Lambert Marchant, 1680

DE LA RAMÉE, Pierre (Petrus Ramus), Gramere, 1562

RESTAUT, Pierre, Principes généraux et raisonnés de la grammaire françoise,: avec des observations sur l’orthographe, les accents, la ponctuation & la prononciation; & un abrégé des regles de la versification françoise, Paris, 1770

TALBERT, Ferdinand, Du dialecte blaisois et de sa conformité avec l’ancienne langue et l’ancienne prononciation française …: et de sa conformité avec l’ancienne langue et l’ancienne pronunciation française, Paris, Doudret-Marçais, 1874

THOULIER OLIVET, Pierre-Joseph, Traité de la prosodie françoise, Genève, 1750

018- La véritable origine du nom du Fleuve Saint-Laurent

Je vous présente aujourd’hui une histoire que j’ai entendue la semaine dernière alors que je donnais un petit spectacle à Longue-Pointe-de-Mingan, sur la Côte-Nord : il paraît que l’histoire officielle selon laquelle c’est Jacques Cartier qui aurait donné le nom de Saint-Laurent au fleuve est fausse…

Pourtant, c’est ce qui est écrit dans les livres d’école…

Qui croire?

D’où vient ce nom alors?

Pour en savoir plus :

Commission de toponymie du Québec

CARTIER, Jacques, Bref récit et succincte narration de la navigation faite en MDXXXV et MDXXXVI, Librairie Tross, 1863, p. 8

CARTIER, Jacques, Voyage de découverte au Canada entre les années 1534 et 1542, Anthropos, 1843, p. 29

 

019 – Lévis a-t-il réellement brûlé ses drapeaux sur l’Île Sainte-Hélène?

Tour de Lévis - Montréal

Tour de Lévis – Montréal

Intérieur de la Tour de Lévis - Montréal 2009

Intérieur de la Tour de Lévis – Montréal 2009

Vue sur Montréal à partir de la Tour de Lévis - Montréal 2009

Vue sur Montréal à partir de la Tour de Lévis – Montréal 2009

Connaissez-vous l’histoire des drapeaux du Chevalier de Lévis?

Selon cette histoire, le Chevalier de Lévis aurait préféré brûler tous les drapeaux des régiments français de Montréal plutôt que de les donner aux Anglais lors de leur entrée dans la ville, le 8 septembre 1760. Selon certaines versions trouvées dans les livres d’histoire de la Nouvelle-France, la destruction des drapeaux aurait eu lieu sur l’Île Sainte-Hélène…

Est-ce vrai?

Pour en parler, je me suis rendu sur l’Île Sainte-Hélène, tout près de l’imposante tour qu’on nomme «Tour de Lévis» en l’honneur du Chevalier de Lévis. Nombreux sont les Montréalais qui croient encore que cette tour est un des derniers vestiges de la Nouvelle-France à Montréal. Et on peut comprendre pourquoi en regardant ces photos.

Pour en savoir plus :
ROY, Pierre-Georges, «Les petites choses de notre histoire – première série», Lévis, 1919, pp. 265-273
«Journal des campagnes de Lévis», dans Collection des manuscrits du Maréchal de Lévis, vol. 1, 1889

020 – Le premier touriste de la Nouvelle-France

Sauriez-vous dire à quel moment la Nouvelle-France a reçu la visite de son premier touriste?

C’est en mai 1662 qu’un jeune normand appelé Asseline de Ronval s’est embarqué de Dieppe pour la Nouvelle-France. Il n’était pas le seul à s’embarquer. Mais contrairement aux autres passagers ou membres d’équipage, Asseline de Ronval ne se rendait pas en Amérique pour travailler ou s’y établir : il ne cherchait qu’à visiter le pays.

Il faut dire qu’à cette époque, plusieurs auteurs européens ont écrit des histoires qui se passaient en tout ou en partie en Nouvelle-France. Mais cette Nouvelle-France décrite dans les romans est tout-à-fait mythique, les auteurs n’ayant jamais mis les pieds ici. Sans doute un des plus célèbres de ces auteurs : Cyrano de Bergerac.

Pour en savoir plus :

YON, Armand, «Notre premier touriste en Nouvelle-France : Asseline de Ronval [1662]», Cahier des dix volume 39, Québec, Éditions du Bien public, 1974, pp. 147 à 170

021 – Une chanson de la Nouvelle-France : le Général de Flipe

Pour cette 21e histoire de Nouvelle-France (et la première histoire de l’année scolaire 2009-2010), je vous présente ce qui est, pour moi, un petit bijou historique qui nous est parvenu de la Nouvelle-France : la chansons «Le général de Flipe». J’aime tout particulièrement cette chanson pour 3 raisons :

  1. elle raconte un fait historique (la tentative de prise de Québec par William Phipps en 1690)
  2. elle a vraisemblablement été écrite par un contemporain des événements
  3. elle nous a été transmise par tradition orale

La version de la chanson que je vous présente aujourd’hui est une reconstitution établie selon l’état de nos connaissances. En voici le texte :

LE GÉNÉRAL DE FLIPE

C’est le général de Flipe

Qui est parti de l’Angleterre

Avecque trente-six voiles

Et plus de mille hommes faits.

Il croyait par sa vaillance

Prendre la ville de Québec.

Il croyait par sa vaillance

Prendre la ville de Québec.

//

A mouillé devant la ville

Les plus beaux de ses vaisseaux,

Il met leur  chaloupe à terre

Avec un beau générau.

C’est pour avertir la ville

De se rendre vite au plus tôt :

– Avant qu’il soye un quart d’heure,

J’allons lui livrer l’assaut.

//

C’est le général de ville

Z-appelle son franc canon :

– Va-t-en dire à l’ambassade

Recule-toi mon général.

Va lui dire que ma réponse

C’est au bout de mes canons,

Avant qu’il soye un quart d’heure,

Nous danserons le rigaudon.

//

C’est le général de Flipe

Qui mit son monde à Beauport,

Trois canons les accompagne

Pour leur servir de renfort.

Mais le malheur qui m’accable,

Qui ne m’a jamais laissé,

Les Français pleins de courage

M’en on détruit la moitié.

//

C’est le général de Flipe

S’est retourné dans Baston :

– Va-t-en dire au roi Guillaume

Que Québec lui a fait faux bond,

Car lui a de la bonne poudre

Et aussi de beaux boulets,

Des canons en abondance

Au service des Français.

[Chanson tirée du CD Chants et complaintes maritimes des Terres françaises d’Amérique – Anthologie des chansons de mer – volume 16, édité par le Chasse-Marée]

*******

Pour en savoir plus :

LACOURSIÈRE, Luc, «Le Général de Flipe [Phips]», Les Cahiers des Dix, no. 39, Éditions du Bien Public, Québec, 1974, pp. 243-277

Pour entendre la version recueillie par Marius Barbeau en 1946 dont je parle dans l’émission :

Le Général de Flipe – 1946 – chantée par Joseph Brisebois

022 – Les loteries en Nouvelle-France

Voici un sujet qui appartient à la petite histoire de la Nouvelle-France. D’ailleurs, je n’aurais jamais cru m’y intéressé, car je ne m’étais jamais posé la question de savoir s’il y avait des jeux de loteries en Nouvelle-France… Et pourtant oui. Les jeux de loterie remontent à très loin dans l’histoire et déjà à l’époque de la Nouvelle-France, ils étaient bien encadrés par l’État qui voyait même à régler des litiges entre les joueurs et les créateurs de loteries.

Par contre, si les loteries en France, à cette époque, servaient principalement à venir en aide aux démunis et à redorer les coffres de l’État, il semble qu’en Nouvelle-France ça se soit passé de façon tout à fait différente…

Pour en savoir plus :

MASSICOTTE, Édouard-Zotique, Faits curieux de l’histoire de Montréal, Montréal, Librairie Beauchemin, 1924

ROY, Pierre-Georges, La ville de Québec sous le Régime français – vol 2, Québec, Service des Archives du gouvernement de la Province de Québec, 1930

Site Internet :

Histoire de la loterie

023 – L’état de la science à l’époque de la Nouvelle-France

Aujourd’hui, je vous propose une émission quelque peu différente de celles que je vous ai présentées jusqu’à maintenant, car je ne vous parlerai pas directement de la Nouvelle-France. Je vous propose plutôt de nous plonger dans la pensée des gens des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles à travers certaines découvertes scientifiques qui ont été faite en Europe.

On a souvent tendance à penser que cette époque était très peu avancée au plan scientifique et technologique. Et c’est normal : toutes les générations ont cru qu’elles étaient plus avancées que les précédentes. Et nous n’y échappons pas.

Mais à y regarder de plus près, on se rend vite compte que les connaissances scientifiques étaient beaucoup plus évoluées à cette époque qu’on pourrait le croire à prime abord. En fait, plusieurs jalons de nos connaissances ont été élaborés pendant ces quelques siècles qu’a duré la Nouvelle-France.

Pour bien illustrer mon propos, j’’ai choisi 4 sujets :

  1. l’électricité
  2. la théorie de l’évolution
  3. les machines à vapeur
  4. la découverte de la vitesse de la lumière

Pour en savoir plus :

024 – Que buvait-on en Nouvelle-France?

Cette question peut sembler anodine à première vue, mais elle l’est beaucoup moins à force d’y réfléchir et de l’étudier.

Prenons l’eau, par exemple. Bien sûr, on en buvait, mais on n’avait pas accès à l’eau potable aussi facilement qu’aujourd’hui. Et dans les villes de France, où l’eau des rivières est souvent trop polluée, on avait pris l’habitude de couper l’eau… avec du vin.

Et chose étonnante : on buvait du café et du chocolat chaud en Nouvelle-France.

Et du côté des boissons alcoolisée, les habitants de la Nouvelle-France consommaient du vin, de la bière et, dans une moindre proportion, du cidre et de l’eau-de-vie.

Pour en savoir plus :

SÉGUIN, Robert-Lionel, La civilisation traditionnelle de l’ «habitant» aux XVIIe et XVIIIe siècles, Montréal, Fides, 1973, pp. 522-526

SULTE, Benjamin, «Ce qu’ils buvaient», Bulletin des recherches historiques, vol. 16, 1910, pp. 157-160

Sur Internet :

GARNOT, Benoît, La culture matérielle en France aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Ophrys, 1995

GROULX, Lionel, «La Querelle de l’eau-de-vie sous le régime français», La Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 1, no :4, 1948, pp. 615-624

BOUNEAU, Christophe, FIGEAC, Michel, Le verre et le vin de la cave à la table du XVIIe siècle à nos jours, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine

MATHIEU, Jacques, LACOURSIÈRE, Jacques, Les mémoires québécoises, Québec, PUL, 1991

025 – Des travestis en Nouvelle-France

Bonjour à toutes et à tous,

Vous savez, plus j’étudie l’histoire, plus je suis surpris. Il s’est souvent passé des choses qu’on n’oserait même pas inventer. Et j’ai été très étonné quand je suis tombé sur des récits de travestissement en Nouvelle-France. Ce n’était pas courant, mais c’était assez important pour qu’il y ait des conséquences.

Mais avant toute chose, je dois préciser un point : la définition même de ce qu’est un travesti : si aujourd’hui le mot sert à désigner un homme ou une femme (quoi que plus généralement un homme) qui prend les habits de l’autre sexe, au XVIIIe siècle, il désignait également des personnes qui prenaient les habits qui n’étaient pas de leur condition (par exemple : un habitant qui s’habillerait en noble).

Je vous raconte donc 3 histoires de travestissement dont 2 qui concernent des femmes qui se sont habillés en homme.

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle, Montréal, Le Cercle du livre français, 1966

Sur l’affaire des jeunes hommes travestis en Amérindiens :

Jugements et délibérations du Conseil souverain de la Nouvelle-France, vol II, p 947

Sur Esther Brandeau

Dictionnaire biographique du Canada

DUCHARME, Nathalie, Fortune critique d’Esther Brandeau, une aventurière en Nouvelle-France, Communication présentée à Montréal, Congrès de l’ACFAS, 14 mai 2004

Sur Anne Edmond

ROY, Pierre-Georges, «Un procès criminel à Québec au dix-septième siècle. Anne Edmond accusée de s’être travestie en homme et d’avoir répandu de fausses nouvelles», Bulletin des recherches historiques, 1904, pp. 193 à 223 et 229 à 243

026- Les familles reconstituées de la Nouvelle-France

Depuis plusieurs années, on cherche des solutions au problème de l’éclatement des familles et des unions qui ne semblent durer qu’un instant. On dit souvent qu’il serait bon de revenir à des valeurs familiales solides et durables. Et quand on dit «revenir», on regarde vers le passé.

Or, qu’en est-il de la Nouvelle-France? Les unions étaient-elles plus solides et durables? Pourrait-on prendre la Nouvelle-France en exemple quand il s’agit de trouver des solutions à l’éclatement de la famille? Difficile à croire, d’autant plus que les familles reconstituées étaient monnaie courante aussi à cette époque.

Pour en savoir plus :

LACHANCE, André, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France, Saint-Hubert, Libre Expression, 2000

LABERGE, Alain, «La famille en Nouvelle-France – Mythes et réalités», Cap-aux-diamants, numéro 39, Automne 1994, pp. 10-12

027- Une fausse histoire d’amour

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à cette 27e histoire de Nouvelle-France. Une 27e histoire qui prend la forme d’un mea-culpa car la semaine dernière, je vous disais qu’il y avait eu si peu de mariage d’amour en Nouvelle-France qu’on pouvait dire qu’il n’y en avait pas eu du tout.

Pourtant, je vous citais l’exemple de ce jeune homme qui avait fait de la prison pour obtenir le droit de marier sa belle. Or, en faisant mes recherches, je me suis aperçu que cette histoire était fausse. Pas entièrement, mais assez pour affirmer qu’on est loin d’une histoire d’amour digne de romans.

Je vous présente donc le résultat de mes recherches sur les amours du jeune Rouffio et de la belle Louise Cadet dans la dernière décennie de la Nouvelle-France.

Pour en savoir plus :

PROCÈS DE PIERRE ROUFFIO

ACTE DE MARIAGE DE JOSEPH ROUFFIO ET LOUISE CADET

VERSIONS FAUSSES DE L’HISTOIRE

Versions qui attribuent le rapt et le mariage à Pierre Rouffio

BOYER, Raymond, Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle, Ottawa, Le Cercle du livre de France, 1966, p. 344

  • – Boyer attribue le rapt et le mariage à Pierre Rouffio

Versions qui attribuent le rapt et le mariage à Joseph Rouffio

Version qui attribue le rapt et le mariage à Pierre-Joseph Rouffio

  • LACHANCE, André, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France, Saint-Hubert, Libre Expression, 2000, pp, 89-90

028- 1685 : année de crise économique et d’épidémie

Je trouve toujours étonnant de constater à quel point l’histoire se répète.

En cette année 2009 où nous vivons une grande crise économique et une pandémie sérieuse, nous pouvons nous rassurer en nous disant que nous ancêtres (du moins ceux qui vivaient dans la ville de Québec en l’année 1685) ont vécu à peu près la même chose. La crise économique était si importante en Nouvelle-France que l’Intendant Jacques de Meules a dû inventer une nouvelle monnaie et, comble du malheur, une épidémie sans précédent a frappé Québec à l’automne et a emporté dans la mort une bonne partie de la population.

Pour en savoir plus :

MONNAIE DE CARTE

«Monnaie de carte» dans l’Encyclopédie Canadienne en ligne

ÉPIDÉMIE DE 1685

«Épidéme» dans L’Encyclopédie Canadienne en ligne

«Une épidémie à Québec en 1685» dans La ville de Québec : histoire municipale : 1 : régime français, Québec, Société historique de Québec, 1963, La pp. 65-66

ROY, Pierre-Georges, «Une épidémie à Québec, en 1685» dans La ville de Québec sous le régime français, vol. 1, Québec, Service des Archives du gouvernement de la Province de Québec, 1930, pp. 457-458

ROY, Pierre-Georges, «L’épidémie de 1685» dans À travers l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, Lévis, 1939, p. 94

029- Une mystique de la Nouvelle-France

Cette semaine, je vous présente un personnage assez particulier de l’histoire de la Nouvelle-France, la Mère Marie-Catherine-Joseph-de-Saint-Augustin.

Considérée comme l’une des figures fondatrices de l’Église canadienne, cette jeune religieuse (elle est morte à l’âge de 36 ans) a été béatifiée par Jean-Paul II en 1989. Elle a consacré sa vie aux plus démunis et aux malades et c’est pour cette raison qu’elle s’est embarquée à l’âge de 16 ans pour la Nouvelle-France.

Mais derrière cette image de religieuse parfaite se cachait une mystique. Toute sa vie, elle sera aux prises avec d’étranges visions de dragons, de démons et de saints en plus de souffrir d’étranges maladies dont elle acceptait les souffrances «pour plaire à Dieu».

Sa vie pourrait faire l’objet de deux films complètement différents. D’un côté, on pourrait tourner un film à caractère religieux et d’un autre, tourner un film qu’on croirait inspiré par un roman de Steven King…

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle, Ottawa, Le Cercle du Livre de France, 1966, pp. 295-299

ROY, Pierre-Georges, «La Mère Catherine de Saint-Augustin», dans La ville de Québec sous le Régime français – vol. 1, Québec, Service des Archives du gouvernement de la Province de Québec, 1930, pp.205-206

ROY, Pierre-Georges, «La mort de la Mère Marie-Catherine de Saint-Augustin», dans La ville de Québec… pp. 363-364

Sites qui offrent une biographie :

Notre patrimoine religieux

Église catholique de Québec

Site dédié à Catherine de Saint-Augustin dans lequel, on offre une retranscription de sa biographie par Raguenau :

030- Les maladies de l’eau à bord des bateaux

Un des plus grands problèmes auxquels ont été confrontés les marins jusqu’au XIXe siècle a été l’entreposage et la conservation de l’eau.

L’eau était essentielle à bord pour non seulement abreuver l’équipage, mais aussi pour l’hygiène, pour la nourriture et pour les animaux. Il fallait donc prévoir de l’eau potable en quantité suffisante pour tous ces usages pour une période d’au moins 3 mois. Mais la conservation de l’eau posait problème. Entreposée dans des tonneaux de bois, elle subissait des transformations qu’on appelait «les maladies de l’eau». En tout, 3 maladies pendant lesquelles l’eau était mauvaise à boire, mais entre lesquelles, elle redevenait «potable».

Pour en savoir plus :

FONSSAGRIVES, Jean-Baptiste, Traité d’hygiène navale, 2e édition, Paris, Librairie J.-B. Baillière et fils, 1877

POISSONNIER-DESPERRIÈRES, Antoine, Traité sur les maladies des gens de mer, Paris, Imprimerie Royale, 2e édition, 1780

GAY, Jacques, «L’eau à bord sous l’Ancien Régime», Neptunia, 188, pp. 16-25

031- L’Île-aux-Sorciers

Si vous habitez au Québec, vous avez très certainement vue au moins une fois dans votre vie «L’Île-aux-Sorciers» : c’était le nom que les habitants de la Nouvelle-France avaient donné à l’Île d’Orléans, en face de Québec.

Pourquoi l’appelaient-ils ainsi? Nous ne le savons pas vraiment, mais depuis le XIXe siècle, 3 grandes hypothèses s’affrontent.

Pour en savoir plus :

ROY, Pierre-Georges, Les petites choses de notre histoire – Première série, Lévis, 1919, pp. 205-209

032- L’énigmatique Jacques Nouette, dit la Souffleterie

Bonjour à toutes et à tous,

Voici enfin (après 5 mois d’absence) cette 32e histoire de Nouvelle-France. Je vous remercie beaucoup de votre patience et de vos nombreux courriels pour réclamer une nouvelle émission le plus rapidement possible. J’avais sous-estimé le temps de production d’une telle série, mais je suis bien heureux de vous annoncer que j’ai plusieurs autres histoires en banque qui ne demandent plus qu’à être enregistrées. Vous n’aurez donc plus à attendre aussi longtemps pour entendre une nouvelle histoire. La prochaine arrivera bientôt.

Pour cette 32e histoire de Nouvelle-France, je vous présente Jacques Nouette, dit la Souffleterie. Je le qualifie d’«énigmatique» parce qu’on ne sait rien de lui, ou si peu. En fait, presque tout ce qu’on sait de lui tient dans cette émission de 14 minutes. Et les seuls véritables articles que j’ai pu trouver sur ce personnage sont ceux que je cite en bibliographie et qui ont été publiés au début du XXe siècle.

Je ne vous raconterai pas toute son histoire dans ce billet (je vous laisserai plutôt écouter l’émission), mais je vous dirai tout de même que Jacques Nouette, qui était procureur (ou praticien, comme on le disait à l’époque), semblait avoir un don pour faire parler de lui et faire des vagues. Par sa façon de vivre, il a déplu à l’évêque de Québec qui a demandé officiellement au ministre Pontchartrain de le bannir de la Nouvelle-France…

Ce n’est pas banal. Et pourtant, je n’ai trouvé aucune recherche approfondie sur lui. Alors avis aux étudiantes et étudiants en histoire qui se cherchent un sujet de maîtrise, j’ai l’impression que l’histoire de cet homme pourrait se révéler très distrayante…

Bonne écoute.

Jean-François

Pour en savoir plus :

MASSICOTTE, Édouard-Zotique, «Nouette dit la Souffleterie» in Bulletin de recherches historiques, vo.. XXI, 1915, pp. 23-25

MASSICOTTE, Édouard-Zotique, «Le roman d’un praticien» in Bulletin de recherches historiques, vo.. XXVI, 1920, pp. 220-222

033- Un procès de sorcellerie à Montréal en 1742

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à cette 33e histoire de Nouvelle-France.

Aujourd’hui, je vous parle de ce qui a sans doute été le plus grand procès de sorcellerie de la Nouvelle-France. Cette histoire s’est déroulée à Montréal en 1742. Ce n’est pas la seule anecdote impliquant des pratiques de sorcellerie en Nouvelle-France, mais c’est certainement celle qui a fait coulé le plus d’encre, d’autant plus qu’on peut encore voir un des objets impliqués dans cette affaire à l’Hôtel-Dieu de Québec…

L’histoire que je veux vous raconter, c’est celle d’un catoptromancien, c’est-à-dire d’un homme qui prétendait pouvoir faire apparaître le visage d’un criminel dans un miroir. Cet homme s’appelait François-Charles Havard de Beaufort, dit l’Avocat…

Bonne écoute

Jean-François

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, «Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle, Montréal, Cercle du livre de France, 1966, pp. 303-306

«HAVARD DE BEAUFORT, FRANÇOIS-CHARLES, dit L’Avocat» dans «Dictionnaire biographique du Canada en ligne»-

FAUCHER DE ST-MAURICE, M., «Le crucifix outragé», in Revue Canadienne – tome 7e, Montréal, E. Senécal, 1870, pp. 92-101

HUBERT, Ollivier, «Sur la terre comme au ciel – la gestion des rites par l’Église catholique du Québec (fin XVIIe – mi-XIXe siècle), Presses de l’Université Laval, 2000, pp. 70-72

«Québec au temps du scorbut – Le crucifix outragé», Le Devoir, 13 août 2008

ROY, Pierre-Georges, «À travers l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec», Lévis, 1939, pp. 144-145

SÉGUIN, Robert-Lionel, «La Sorcellerie au Canada français du XVIIe au XIXe siècles», Montréal, Ducharme, 1961, pp.96-118

034 – Pour en finir avec les tourtières !

Bonjour et bienvenue à cette 34e histoire de Nouvelle-France !

Le sujet d’aujourd’hui risque d’en faire jaser plus d’un, car s’il existe un sujet de vives discussions chez les Québécois, c’est bien l’origine de certains plats nationaux, comme la poutine, le pâté chinois ou… la tourtière !

Or, en Nouvelle-France, la tourtière existait. Mais était-ce un pâté de viande? Était-ce fait avec seulement des tourtes? Était-ce autre chose?

Il faudra écouter l’émission pour le savoir !

Pour en savoir plus :

DOUVILLE, Raymond et CASANOVA, Jacques-Donat, «La vie quotidienne en Nouvelle-France», Hachette, 1964 p. 66

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française

LIGER, Louis, BASTIEN, Jean-François, «La nouvelle maison rustique : ou Économie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne», Tome troisième, Paris, Deterville et Desray, 1798, p. 869

035- Un scandale de corruption

Bonjour à toutes et à tous,

Voici un bon bout de temps que je ne vous ai présenté une histoire… J’avais, en fait, commencé à écrire celle-ci au printemps dernier alors que fusaient diverses accusations de scandales à l’endroit du gouvernement québécois. Je me suis alors demandé s’il y avait eu de tels scandales en Nouvelle-France.

Or, nous n’avons rien à envier à la Nouvelle-France sur ce chapitre! Dans les années qui ont suivi la défaite française en Amérique, le Conseil d’État du roi a mis sur pied une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur des allégations de fraude et d’abus de la part d’administrateurs, de hauts officiers civils et militaires, ainsi que de marchands qui ont tous «sévi» sous l’Intendant Bigot.

Près de 60 personnes ont été accusées dans ce procès. Une vingtaine ont été trouvées coupables, dont Bigot lui-même qui demeure encore aujourd’hui dans la mémoire collective synonyme d’escroc.

Mais il y a plus, dans ce procès, que la simple histoire de fraudeurs qui se font condamner. Il est également intéressant d’analyser les motivations de la France à intenter un tel procès. La couronne voulait-elle simplement «chercher la vérité»? Non. Elle avait d’autres intérêts.

Malheureusement, très peu d’historiens ont fait une analyse poussée de ce procès (pourtant, les sources qui nous sont restées sont abondantes). On se contente de répéter que «Bigot et sa bande» étaient des voleurs. C’est sans doute vrai. Mais il y a plus à ce procès que la simple volonté de punir des coupables…

Pour en savoir plus :

SOURCES

«Jugement rendu souverainement et en dernier ressort, dans l’Affaire du Canada», Paris, Antoine Boudet, 1763

«Mémoire pour Messire François Bigot, ci-devant Intendant de Justice, Police, Finance et Marine en Canada, accusé : contre Monsieur le Procureur-Général du Roi en la Commission, Accusateur», vol. 2, Paris, Imprimerie de P. Al. Le Prieur, 1763

ÉTUDES

CÔTÉ, André, «L’affaire du Canada (1761-1763)», Cap-aux-diamants, No. 83, Automne 2005, pp. 10-14

CÔTÉ, André, «Joseph-Michel Cadet (1719-1781) négociant et munitionnaire du roi en Nouvelle-France», Sillery, Septentrion, 1998
[L’Affaire du Canada – pp. 195-256]

FRÉGAULT, Guy, «François Bigot, administrateur français», Montréal, Lés études de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, 1948

ROY, Pierre-Georges, «Bigot et sa bande et l’Affaire du Canada», Lévis, 1950

036- Pierre LeMoyne d’Iberville est-il le père de ses enfants?

Bonjour à toutes et à tous,

Après le dernier épisode dans lequel je traitais d’un sujet assez sérieux, je me suis dit qu’il serait intéressant de m’adonner aux potins… Un petit potin historique… pourquoi pas?

J’ai intitulé l’épisode «D’Iberville était-il le père de ses enfants?» un peu pour provoquer, bien sûr. Mais je vais explorer 2 questions sur les enfants de d’Iberville :

  1. Combien d’enfants a-t-il eu?
  2. Est-il le père non pas de ses enfants, mais de certains de ses enfants.

Bien sûr, cette histoire n’a aucune incidence sur la suite de l’histoire de la Nouvelle-France, mais j’ai toujours trouvé intéressant que les historiens ne s’entendent pas sur la question du nombre de ses enfants (certains disent 5, d’autres 6) et que personne ne remette en question les vertus de sa femme. Et pourtant….

Pour en savoir plus :

DE CATHELINEAU, Emmanuel, «Les beaux mariages d’une Canadienne» in Nova Francia, vo.. VI, 1931, pp. 144-181

FRÉGAULT, Guy, Pierre Le Moyne d’Iberville, Montréal, Fides, 1968

LEMOYNE DE SÉRIGNY, Gérard, «La descendance de Pierre LeMoyne d’Iberville», Texte dactylographié, Fonds LeMoyne de Sérigny, Avril 1974, 3 pages

«Pierre Le Moyne d’Iberville et Mlle Picoté de Belestre», Bulletin de recherches historiques, VI, 1931, pp. 144-186

POTHIER, Bernard, «Pierre LeMoyne d’Iberville», Dictionnaire biographique du Canada (en ligne)

037- La Chasse-Galerie en Nouvelle-France

Bonjour à toutes et à tous,

J’aimerais tout d’abord vous présenter mes excuses pour l’incroyable retard dans mes émissions. Cette absence prolongée n’est ni due à un abandon ou à un manque d’histoires à raconter. Au contraire !

Mais comme je ne voulais pas vous laisser en plan en vous présentant une histoire maintenant et une nouvelle dans plusieurs mois, j’ai donc décider de tenter une nouvelle façon de travailler. Je viens d’enregistrer 5 émissions que je diffuserai à toutes les 2 semaines.

Le prochaines histoires seront donc disponibles les 9 mars, 23 mars, 6 avril et 20 avril. Cela devrait me donner le temps de faire les prochaines recherches et d’écrire les prochaines émissions.

****

Cette semaine, je vous parle de la Chasse-Galerie. S’il est une légende qui est propre aux francophones d’Amérique, c’est bien celle-là !

L’an dernier, quand j’ai eu l’idée de vous présenter ce thème, je me disais qu’il serait intéressant de vous raconter la genèse de ce conte. Je me disais que ce serait facile, car je pensais bien connaître l’origine de cette légende…. Je n’avais qu’à chercher quelques références et ouvrir le micro….

Erreur.

Je me suis rendu compte que tout ce que je croyais savoir était faux. Alors que pendant des années j’ai présenté les origines de la Chasse-Galerie comme étant médiévales, remontant à un certain Sieur de Gallery, il semblerait que tout cela soit faux.

Pour en savoir plus :

BRETHÉ, E., «Une supercherie littéraire : la chanson de la Chasse Gallery», dans Bulletin de la Société de mythologie française, 19, 1955, pp. 62-89

«La Chasse-Galerie au Canada», dans Revue des traditions populaires, tome 8, no:11, Novembre 1893, p. 566

«La Mesnie Hellequin», dans Revue des traditions populaires, 20e année, Tome 20, no:5, Mai 1905, pp. 178 et 184

LE QUELLEC, Jean-Loïc, «La chasse-galerie du Poitou à l’Acadie», Iris, Centre de recherches sur l’imaginaire, Université de Grenoble 3, 18, pp. 125-146 (en pdf)

«Les Chasses fantastiques», dans Revue des traditions populaires, 20e année, Tome 20, no:4, avril 1905, p. 163

VERRIER, A.-J., ONILLON, R., Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l’Anjou, Tome second, Angers, Germain et G. Grassin, 1908

Première mention de la Chasse-galerie au Canada :

LEBRUN, Isidore, 1833, Tableau statistique et politique des deux Canadas, Paris, Treuttel et Würtz, 540 p. + 1 c. (voir p. 267)

Exemple d’activité de faussaire de Benjamin Fillon, le «découvreur» de l’histoire du Sieur de Gallery (p. 43)

Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 77, no: 2, 1980, p. 43

038- Défense de glisser dans les rues de Québec

Bonjour à toutes et à tous,

Cette semaine, je vous raconte une bizarrerie que j’ai trouvée dans un recueil d’ordonnances de la Nouvelle-France : le 24 décembre 1748, l’Intendant Bigot interdit à quiconque de glisser dans les rues de Québec, sous peine d’emprisonnement !

Je n’ai trouvé aucune suite à cette histoire. J’ignore donc si l’ordonnance a été suivie ou encore si une personne a été condamnée pour ce «crime»…

Mais je trouvais intéressant de vous la présenter.

Voir :

Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêts du Conseil d’État du roi, concernant le Canada, P.E. Desbarats, 1806, p. 111

Inventaire des ordonnances des intendants de la Nouvelle-France [1705-1760], Archives de la Province de Québec, Beauceville l’Éclaireur, p. 116

Et voici le texte de l’ordonnance :

ORDONNANCE
Qui défend de glisser dans la Ville
FRANÇOIS BIGOT &c
SUR ce qui nous a été représenté que les enfants et même de grandes per sonnes glissent en traînes, en patins et autrement dans les différentes côtes de cette ville, ce qui expose les passants à des accidents, comme il est déjà arrivé par la vitesse avec laquelle ils peuvent tomber sur eux, n’ayant pas le tems de se ranger pour les éviter. A quoi étant nécessaire de remédier, Nous faisons très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes, et aux enfans de glisser dans les rues de cette ville, soit en traînes, en patins ou autrement, à peine contre les grandes personnes de dix livres d’amende, payable sans déport et applicable aux Hôpitaux; et quant aux enfans qui seront pris en contravention, déclarons que leurs pères et mères seront contraints au payement de pareille amende de dix livres pour chacun de leurs enfants, lesquels dits enfans garderont prison, jusqu’à ce que leurs dits pères et mères ayent satisfait à la dite amende, et à l égard des enfans qui n’auraient ni pères ni mères, nous prévenons leurs maîtres, leurs tuteurs, parens ou autres particuliers chez lesquels ils demeureront, qu’ils seront également contraints au payement de l’amende, que s’ils étoient leurs propres enfants. Mandons aux Officiers de Police de tenir exactement la main à l’exécution de la présente Ordonnance qui sera lue publiée et affichée partout où besoin sera à ce que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance fait à Québec le vingt quatre Décembre 1748.
Signé BEGON

039- Les déchets en Nouvelle-France

Cette semaine, je vous présente une émission en odoramat, car je peux vous assurer qu’après cet épisode, vous ne regretterez nullement l’odeur des rues de la Nouvelle-France et que vous leur préférerez l’odeur des automobiles !

On étudie peu l’histoire des déchets et pourtant, tous les pays de toutes les époques ont dû composer avec ce problème. Aujourd’hui, nous prenons pour acquis la gestion des déchets. Mais en Nouvelle-France, il n’y avait aucun service de récolte des ordures. Et pire : il n’y avait aucune poubelle…

AVERTISSEMENT : si vous voulez conserver une image romantique des rues du Vieux-Québec ou de n’importe quelle ville ancienne, n’écoutez pas cet épisode !

Pour en savoir plus :

Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêts du Conseil d’État du roi, concernant le Canada, P.E. Desbarats, 1806

JEAN, Régis, PROULX, André, «Le commerce à Place-Royale sous le régime français : synthèse», Québec, Gouvernement du Québec, 1995, pp. 414-419

LACHANCE, André, «La vie urbaine en Nouvelle-France», Montréal, Boréal Express, 1987, pp. 82-91

SAUCIER, Roger, «L’hygiène à Québec sous le régime français», Université Laval, 1958, 182p.

040 – Un enfant abandonné en Nouvelle-France

041 – Un PPP à l’origine de la Nouvelle-France

Bonjour à toutes et à tous,

Je sens que le titre de cet épisode risque d’en faire sursauter plus d’un!

Et pourtant, c’est vrai, car le tout premier voyage de «découverte» en partance de la France vers le Nouveau Monde (et lors duquel on a donné le nom à la Nouvelle-France) est né de la collaboration du roi de France d’un regroupement de banquiers et commerçants italiens installés à Lyon et à Rouen.

Et ceci, une bonne dizaine d’années avant le premier voyage de Jacques Cartier…

Pour en savoir plus :

DE LA CROIX, Robert, «Histoire secrète des océans», Saint-Malo, Bertrand de Qénetain, 1998, pp. 59-60

DE LA RONCIÈRE, Charles, «Histoire de la marine française, vol. III – Les guerres d’Italie», Paris, Plon, 1906, pp. 258 et ss.

EMMANUEL, Marthe, «La France et l’exploration polaire», Nouvelles éditions latines, 1959

JACOB, Yves, «Jacques Cartier», Saint-Malo, Bertrand de Quénetain, 2000, pp. 42-44

LITALIEN, Raymonde, «Les explorateurs de l’Amérique du Nord», Sillery, Septentrion, 1993, pp. 51-55

VERGÉ-FRANCESCHI, Michel, «De la relation de voyage dieppoise au traité de marine parisien» in «Le livre maritime au siècle des Lumières – Édition et diffusion des connaissances maritimes (1750-1850)», Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2005, pp. 27-48

042- Les magouilles d’un marchand de vin

Bonjour à toutes et à tous,

Cette semaine, je vous parle des magouilles de Samuel Bernon, un marchand de La Rochelle, qui a tenté, avec l’aide d’autres marchands de Québec, de s’approprier le monopole du commerce du vin en Nouvelle-France.

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, «Les crimes et les châtiments au Canada français», Montréal, Le Cercle du livre de France, 1966, pp. 380-381

Jugements et délibérations du Conseil souverain de la Nouvelle-France, Québec, A. Côté et cie, 1885, pp. 953 à 957 et 1019 à 1021

Navires venus en Nouvelle-France – Répertoire des marchands de Abraham à Bluteau – Des origines à 1699

BOSHER, Jean-François, Négociants et navires du commerce avec le Canada de 1660 à 1760: dictionnaire biographique, Ottawa, Service canadien des parcs, Lieux historiques nationaux, 1992

043 – Défense à la Dame de la Forêt de faire tourner son moulin

Bonjour à toutes et à tous,

Cette semaine, je vous parle d’une anecdote dont le titre m’a beaucoup fait sourire quand je l’ai lu dans Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêts du Conseil d’État. On y faisait défense à une certaine «Dame de la Forêt» de faire tourner son moulin sur l’Île d’Orléans…

Je me disais que voilà une chose bien étrange : après les sorciers de l’Île d’Orléans, voilà maintenant que nous avons une «Dame de la Forêt»… Mais nous nageons en plein Seigneurs des Anneaux, me disais-je !

La réalité est toutefois plus prosaïque, mais elle m’a permis de découvrir une autre femme de la Nouvelle-France qui rivalisait avec les hommes au niveau des échanges commerciaux et qui a réussi à se faire appeler «comtesse» de Saint-Laurent pendant quelques années.

Bonne écoute !

Jean-François

Pour en savoir plus :

Charlotte-Françoise JUCHEREAU DE SAINT-DENIS, dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne

Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêts du Conseil d’État du roi, concernant le Canada, p. 172

François DAUPHIN DE LA FOREST, dans Dictionnaire biographique du Canada

François Viennay-Pachot, dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne

ROY, Pierre-Georges, La famille Juchereau Duchesnay, Lévis, Université d’Ottawa, 1903, p. 135

044 – Jean Corolère, bourreau de coeur


Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à cette nouvelle histoire de Nouvelle-France.
Si vous vous rappelez bien, à l’histoire 27 de ces 104 histoires de Nouvelle-France, je vous avais dit qu’à l’époque, on ne se mariait pas par amour. Et bien, j’en ai trouvé une histoire de mariage d’amour.

Ou, du moins de la part d’une des personnes, car l’homme en question était à se point amoureux de sa femme, qu’il est devenu «exécuteur de hautes oeuvres» (ou bourreau) pour la sauver de la mort.

Ça, mesdames, c’est de la galanterie !

Pour en savoir plus :

BOYER, Raymond, Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle, L’Encyclopédie du Canada français, vol. 5, Ottawa, 1966, p. 232

LACHANCE, André, «Les prisons au Canada sous le Régime français», Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 19, no : 4, 1966, pp. 561-565

LACHANCE, André, «Jean Corolère», Dictionnaire biographique du Canada en ligne

Œuvres inspirées de cette histoire :

OPÉRA :

Marrying the Hangman (Chamber Opera in one act) – Livret : Margaret Atwood, Adaptation par Benjamin Twist et Ronald Caltabiano. – 1999

THÉÂTRE

HAUY, Monique, «Françoise et le maître des Hautes Oeuvres», 2010

CINÉMA

«The Hangman’s Bride», 1996, Réalisé et produit par : Naomi McCormack

Voir extrait

045 – Les édentés de la Nouvelle-France

Bonjour à toutes et à tous,

Le sujet de cette semaine est, je l’avoue, un peu bizarre. Mais il m’est venu récemment lors d’une visite chez le dentiste. J’avais déjà lu quelques trucs sur l’aspect des dents des habitants de la Nouvelle-France et ça m’a donné le goût d’aller plus loin et je me suis dit : allons voir l’état des dents des habitants de la Nouvelle-France.

Mais je me suis buté rapidement à un problème de taille : il n’y a pratiquement rien (aucune source ou étude) qui parle des soins dentaires en Nouvelle-France. Dans les études sur l’hygiène personnelle, on parle de la façon de se laver, de se raser, mais pour ainsi dire rien sur le soin des dents…

J’ai donc dû me rabattre sur les sources de l’époque, mais en allant voir du côté de la France. Car si les soins du corps étaient si rapprochés entre la France et la Nouvelle-France, ça devait être la même chose pour les dents…

Pour en savoir plus :

046 – Susanna Johnson, une esclave blanche en Nouvelle-France

Bonjour à toutes et à tous,

Cette nouvelle histoire se déroule dans un contexte assez particulier et montre un côté sombre de l’histoire de la Nouvelle-France : l’esclavage. Depuis quelques années, on parle de l’esclavage en Nouvelle-France : il y a eu des expositions, des livres, des émissions de télévision… On ose maintenant dire que nos ancêtres ont pratiqué l’esclavage des Noirs et des Amérindiens.

Mais on a aussi pratiqué l’esclavage des Blancs. Pendant le XVIIe et le XVIIIe siècles, de nombreux habitants de la Nouvelle-Angleterre ont été enlevés par les Abénakis et ramenés comme esclaves en Nouvelle-France. Plusieurs ont été vendus à des Français qui leur rendaient la liberté en échange d’une rançon ou qui les faisaient travailler, faute de main d’oeuvre.

Je vous raconte aujourd’hui l’histoire de Susanna Johnson, une Néo-Anglaise qui a été enlevée avec sa famille en 1754 et qui a vécu comme esclave d’un chef abénaki avant d’être vendue au gouverneur de la Nouvelle-France.

Je vous encourage à lire le récit de sa captivité (une version française est disponible depuis 2003). J’y ai, personnellement, découvert tout un pan de la société de la Nouvelle-France que j’ignorais.

Pour en savoir plus :

047 – Des procès pour suicidés

Bonjour à toutes et à tous,

Après une histoire aussi sérieuse, aussi lourde et aussi longue que la dernière (sur l’esclavage blanc en Nouvelle-France), j’ai décidé cette fois-ci de vous présenter une histoire sur un ton beaucoup plus léger.

Bien que cela nous semble étrange aujourd’hui, il était possible sous l’Ancien Régime de poursuivre en justice une personne qui était morte. On appelait cette procédure «Procès au cadavre». Mais avant de procéder à une telle mesure, on invoquer un crime grave comme celui de lèse-majesté… ou de suicide.

Or, même si le mot «suicide» n’existait pas en français à l’époque de la Nouvelle-France, plusieurs personnes sont tout de même passées à l’acte, se rendant automatiquement coupables d’un acte criminel grave… D’où des procès pour gens qui se sont suicidés ou qui ont tenté de le faire.

Pour en savoir plus :

Bonne écoute et à bientôt !

Jean-François

048 – Un spécialiste de l’évasion

Bonjour à toutes et à tous,

Après une pause pour de petites vacances bien méritées, me revoici avec une histoire légère d’un homme dont on ne sait rien, sinon qu’autour des années 1670, il s’est fait arrêté près d’une douzaine de fois par les autorités et qu’à chaque coup, il réussissait à s’enfuir. Dollier de Casson, qui nous relate en quelques mots les exploits de cet homme, le décrit en disant qu’il était «un prisonnier célèbre», tant et si bien qu’il ne juge pas à propos de nous dévoiler son nom… Il le soupçonnait même de se laisser capturer volontairement pour mieux insulter ses gardiens en trouvant de nouvelles façons de se libérer de ses liens.

Mais après 1672, nous n’avons plus de nouvelles de lui… Édouard-Zotique Massicotte a bien tenté d’émettre une hypothèse sur l’identité de ce maître de l’évasion, mais ses arguments sont bien minces.

Pour en savoir plus :

  • BOYER, Raymond, «Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe au XXe siècle», Montréal, Le Cercle du Livre de France, 1966, p. 423
  • DOLLIER DE CASSON, Histoire de Montréal, vol. 3 p. 117
  • MASSICOTTE, Édouard-Zotique, «Celui qu’on ne pouvait détenir au XVIIe siècle», Bulletin des recherches historiques, 48, 1942, pp. 12-14

***

Pendant la fin de semaine du 19 au 21 août 2011, je serai à la Fête des chants de marins de Saint-Jean-Port-Joli pour y réaliser le 100e épisode de mon autre balado Bordel de Mer – la radio Internet des chants de marins et pour y mener des entrevues qui seront diffusées dans le cadre des Grandes Rencontres Bordel de Mer. Si vous êtes dans le coin, venez faire un tour ! Ça me ferait bien plaisir de vous rencontrer et de discuter un peu de Nouvelle-France et de chants de marins avec vous !

En espérant vous y voir !

Jean-François

049- Jacques Duchesneau brouille les cartes

Bonjour à toutes et à tous,

Tout d’abord, j’aimerais vous présenter mes excuses de n’avoir pas posté de nouvelle histoire depuis si longtemps! Je suis vivant et j’ai bel et bien l’intention de compléter mes 104 histoires! Mais puisque ce projet demande plus de temps que je l’avais prévu au départ et qu’il est entièrement auto-financé, j’ai eu besoin (et j’aurai encore à le faire) de m’absenter pour faire le plein de ressources.

La bonne nouvelle (car il y en a une), c’est que j’ai onze nouvelles histoires qui sont presque prêtes à être enregistrées! Je serai donc en mesure de publier de nouvelles histoires de façon plus régulière. =)

Autre point important : pendant mon absence, j’ai eu quelques problèmes avec mon ordinateur et j’ai perdu tous les courriels qui étaient envoyés à info@104histoires.com. Si vous m’avez écrit depuis le début de l’année et que je ne vous ai pas répondu, n’hésitez pas à m’écrire à nouveau. Je ferai tout en mon pouvoir pour vous répondre rapidement.

Et finalement, j’aimerais vous remercier de votre écoute. J’ai commencé ce projet pour me faisant plaisir en vous racontant des histoires. J’étais loin d’espérer qu’elles vous plairait tant!

*****

Dans cette nouvelle histoire, j’aimerais relier 2 événements qui ont marqué le printemps 2012 au Québec : le conflit étudiant et la Commission Charbonneau.

Ce qui a attiré mon attention dans le conflit étudiant, ce ne sont pas les revendications, mais plutôt la division au sein de la population. Or, j’ai trouvé un événement qui, il y a près de 340 ans, a divisé, lui-aussi, la population. Et plusieurs personnes d’influence ont payé cher leur allégeance à l’un ou l’autre camp.

Et pour ce qui est de la Commission Charbonneau, c’est Jacques Duscheneau qui m’intéresse. Car l’événement que je vais vous raconter met en scène un certain Jacques Duscheneau qui a été envoyé en Nouvelle-France à titre d’intendant et qui est venu, lui aussi, brouiller les cartes… Car une guerre s’est rapidement déclarée entre lui et le Gouverneur de l’époque, Frontenac.

Pour en savoir plus :

Boisseau, Josias, dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne

Buade, Louis de, comte de Frontenac et de Palluau, dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne

Duchesneau de la Doussinière et d’Ambault, Jacques, dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne

Pour des règlements qui interdisaient aux Gouverneurs d’emprisonner des habitants :

ROY, Pierre-Georges, Petites choses de notre histoire, vol. 1, Lévis, 1919

050- Un des premiers conflits sur les mines

Depuis quelques années, l’industrie minière a suscité … Comment pourrait-on dire… plusieurs débats au Québec. Et pas seulement à cause des impacts environnementaux, mais aussi pour dénoncer les avantages consentis aux entreprises qui oeuvrent dans ce secteur.

Pourquoi parler de cela?

Parce que ce n’est pas d’hier que l’exploitation minière dans la vallée du Saint-Laurent et en Acadie fait jaser : la première cause que j’ai trouvée remonte (tenez-vous bien) aux héritiers de Jacques Cartier, 20 ans avant la fondation de Québec!

En faisant mes petites recherches sur cette histoire, une impression de «déjà-vu» me revenait contamment en tête. J’avais presque l’impression de lire les journaux d’aujourd’hui tellement certains détails ressemblent à des préoccupations actuelles : non seulement parle-t-on d’exploiter des mines, mais les deux grands acteurs de ce débat sont d’un côté, une entreprise privée qui demandait à l’État de lui accorder un monopole commercial et d’un autre côté, un groupe d’hommes d’affaires qui s’opposaient à cette entente en invoquant… «la liberté de commerce»…

Alors : qui a dit que l’histoire n’était pas d’actualité?

Pour en savoir plus :

DIONNE, Narcisse-Eutrope, La Nouvelle-France de Cartier à Champlain, 1540-1603, Québec, C. Darveau, 1891, pp. 116 et ss.

JACQUES NOËL, Dictionnaire biographique du Canada en ligne

RAMÉ, Alfred, Documents inédits sur Jacques Cartier et le Canada, Paris, Librairie Tross, 1865

Sur le Cap de Conjugon :

RAPEYRON, Ludovic, Revue de géographie, Volumes 20 à 21 (voir p. 266 – il y a seulement un extrait sur Google Books qui se rapporte à l’aventure de Jacques Noël)

LANCTÔT, Gustave, Histoire du Canada : des origines au régime royal (p. 115 – Ce serait en Acadie)

 

051- Québec contre une dot

Bonjour à toutes et tous,

Combien vaut (ou valait) la ville de Québec? Que diriez-vous d’une dot et de deux bateaux? Trop peu? C’est, du moins, ce que le roi d’Angleterre, Charles 1er, a réclamé au roi de France avant de lui redonner possession de Québec, en 1629.

À l’été 1629, des bateaux anglais, menés par les frères Kirke, ont assiégé Québec et ont réussi à s’en emparer.

Je n’entrerai pas ici dans tous les détails de cette entreprise (ça se trouve assez facilement dans les livres d’histoire). J’aimerais, cependant, à souligner que cette première prise de Québec n’était pas le fruit du hasard. Elle s’inscrivait dans une des nombreuses guerres que se sont livrées la France et l’Angleterre au cours des siècles.

Et c’est en gardant cette perspective en tête qu’on pourra bien comprendre cette histoire, celle de la restitution de la ville aux Français.

Pour en savoir plus :

Aux origines de la vie québécoise, Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la culture et des communications, 1995, pp. 46-47

LACOURSIÈRE, Jacques, «Histoire populaire du Québec», p. 60

052- Pour en finir avec la Terre plate

Pour cette 52e histoire (qui marque la moitié du projet), je m’offre un sujet qui me tient particulièrement à coeur : la question de la Terre Plate!

Il n’y a pas longtemps, j’ai retrouvé une note sur laquelle je relatais une remarque entendue pendant une formation que je suivais. Notre «formateur» prétendait qu’à l’époque des grands explorateurs (donc, dans les premières décennies de la Nouvelle-France), les gens croyaient que la Terre avait la forme d’un disque. Qu’elle était plate, quoi. Ceci ajoutait, disait-il, à la bravoure de ces hommes qui quittaient l’Europe pour explorer le Nouveau Continent.

Est-ce vrai tout ça?

Pour en savoir plus :

ORESME, Nicole, BURTON, Dan, «Nicole Oresme’s De visione stellarum (On seeing the Stars): A critical Edition of Oresme’s Treatise on Optics and Atmospheric Refraction», Brill, 2007, 319 p.

Manuel Francisco de Barros e Sousa Santarém (Visconde de), «Essai sur l’histoire de la cosmographie et de la cartographie […]», Imprimerie Maulde et Renou, 1850 (pour informations sur Mathieu Paris et son Imago Mundi, voir page 258).

MICHAUD, Louis Gabriel, «Cosmas d’Alexandrie» dans Biographie universelle, ancienne et moderne – vol. 10, Paris, Michaud et Frères, 1813, pp. 31-32

Article sur la pensée des pères de l’Église sur la question

053-Des Anglais au service des Français

L’histoire de cette semaine ressemble à un film d’action dans lequel il y aurait trop d’action. Un film d’intrigues qui mèle le contrôle sur le commerce, des activités illégales, des navires détruits, des changements d’allégeances, et j’en passe.

L’histoire que je vous raconte est celle de John Outlaw et de John Abraham. Deux personnages sur lesquels on n’a que très peu d’informations, mais le peu qu’on connaît donne le vertige.

En résumé, je pourrais vous les présenter en vous disant simplement que dans le dernier quart du XVIIe siècle, ils travaillaient tous les deux pour la Compagnie de la Baie d’Hudson et qu’à la suite d’ennuis reliés à des activités illégales, ils sont passés du côté des Français.

Ça, c’est pour le synopsis.

Malheureusement, si grâce aux archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson, on connaît bien leurs allées et venues du temps qu’ils étaient à son emploi, on ne trouve presque rien à partir du moment où ils passent du côté des Français.

Et c’est dommage, car je crois qu’ils feraient l’objet d’un très bon livre d’histoire qui pourrait se lire comme un roman et d’un bon documentaire qui se regarderait comme un film d’aventures.

Je vous présente tout de même cette semaine ce que j’ai appris sur eux.

054 – Une attaque de corsaires à Terre-Neuve

Bonjour à toutes et à tous! Je suis très heureux de vous retrouver avec de nouvelles histoires de Nouvelle-France!

Aimez-vous les histoires de pirates?

J’aimerais maintenant vous raconter le récit peu connu dans l’histoire de la Nouvelle-France d’une bataille navale qui s’est déroulée en 1690 sur l’île de Terre-Neuve avec, en toile de fond, des attaques de flibustiers anglais contre des postes français et des raids de flibustiers français contre des postes (vous l’aurez deviné) anglais.

L’histoire de l’expédition du capitaine de la Lande est étonnante. Je la range dans la catégorie de récits qu’on peine à croire réels ou même réalistes. Ils semblent plus appartenir au monde du cinéma qu’à la discipline historique dite «sérieuse». J’avoue avoir hésité moi-même avant de l’inclure dans ces chroniques, car à un certain moment, je doutais de sa véracité : peu de sources qui nous sont parvenues de la Nouvelle-France la mentionnent et des erreurs de transcriptions se sont glissées dans le texte sans jamais avoir été corrigées.

Bonne écoute!

Pour en savoir plus :

Source principale:

«Relation du cappitaine de la Lande», in Collection de manuscrits contenant lettres, mémoires, et autres documents historiques relatifs à la Nouvelle-France, recueillis aux archives de la Province de Québec, ou copiés à l’étranger, Vol. II, Québec, Imprimerie A. Côté et Cie, 1884, pp. 16-17

Autres sources:

Antoine François Prévost d’Exiles,Histoire générale des voyages, ou nouvelle collection de toutes les relations de voyages par mer et par terre, vol. 23, De Hondt, 1777, 477 p.

«16 December, 1691; [Captain] Charles Hawkins – extract from « Answers to the several heads of Inquiries from the Lords of the Committee of Trade concerning Newfoundland in the year 1691», Great Britain, PRO, Colonial Office, CO 1/68 (92i), 259-262v, see 261v, 262., MHA 16-D-2-009. Transcribed by P.E. Pope.

Site Internet sur les fouilles archéologiques à Ferryland (Forillon) :

http://colonyofavalon.ca

Site Internet de la région de Ferryland (Forillon) dont je parle dans cette histoire:

http://ferryland.com

055 – Un chirurgien allemand en Nouvelle-France

Quand on parle des habitants de la Nouvelle-France, on a souvent l’impression qu’ils formaient un bloc culturel unique. D’un côté il y avait, bien entendu, les Amérindiens, mais dans le groupe des Européens (ou des descendants d’Européens), on pense généralement que seuls des Français étaient venus s’établir ici.

Pour cette 55e histoire de Nouvelle-France, je vous présente les grandes lignes de la vie de Charles-Elemy-Joseph-Alexandre-Ferdinand de Feltz, un chirurgien allemand arrivé en Nouvelle-France en 1738 avec presque rien et qui a réussi, au fil des années, à devenir un des hommes les plus riches et les plus connus (à son époque) de la Nouvelle-France.

Pour en savoir plus :

JANSON, Gilles, FELTZ (Felx, Fels, Felts), CHARLES-ELEMY-JOSEPH-ALEXANDRE-FERDINAND, dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne

RHEAULT, Marcel J., «La médecine en Nouvelle-France: les chirurgiens de Montréal, 1642-1760», Septentrion, 2004

Sur l’immigration allemande en Nouvelle-France :

Encyclopedia of Canada’s peoples Par Paul R. Magocsi,Multicultural History Society of Ontario

Les Allemands au Québec, 18e siècle – Quelques sources à consulter

KAUFHOLTZ-COUTURE, Claude, «Le monde germanique de la Nouvelle-France au XVIIe siècle, 1re partie», Revue Germaniques: Ahnengalerie, Vol. 8 No 1, Janvier-Avril 2008, Cahier 22, pp. 38-39

***

L’image des instruments de chirurgie provient de la Library of Congress. URL de l’image.

056 – Un moine bénédictin caché en Nouvelle-France

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à cette 56e histoire de Nouvelle-France.

Aujourd’hui, j’aimerais vous raconter l’histoire d’un moine bénédictin qui a fui la France, qui s’est réfugié en Nouvelle-France, mais dont l’histoire, à son retour en Europe a créé un véritable scandale dans les journaux de Hollande.

Alors, pour un certain temps, au début du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France a eu mauvaise presse (et je pense qu’on peut vraiment dire ça comme ça) en Hollande.

Voici donc l’histoire de ce moine ermite caché en Nouvelle-France.

Jean-François

Pour en savoir plus:

«L’hermite des Trois-Pistoles», BRH, vol. 5, 1899, pp. 260

Nive Voisine, « POULET, GEORGES-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

«Le bénédictin dom Georges-François Poulet» dans la Nouvelle-France, RAPQ, 1922–23 : 274–289 (c’est dans ce lien qu’on peut trouver le témoignage du moine Poulet à son retour en Hollande)

***

L’image des instruments de chirurgie provient de la Library of Congress. URL de l’image.

057 – Un gouverneur de Montréal en prison

Bonjour à toutes et à tous!

Vous connaissez certainement cette phrase : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Acton).

Elle a été écrite au XIXe siècle, mais elle décrit à merveille la situation politique en Nouvelle-France. Je vous ai, d’ailleurs, déjà parlé de la corruption qui y sévissait.

Je vous en présente aujourd’hui un nouvel exemple, celui de François-Marie Perrot, 2e gouverneur de Montréal (oui, oui… 2e gouverneur : ça a commencé tôt!!!).

Et c’était tout un champion! Il s’adonnait à la traite illégale des fourrures, il usait de la force pour intimider les gens qui s’opposaient à lui et il était entré en guerre ouverte avec le Gouverneur général de la Nouvelle-France, Frontenac.

Son comportement était si répréhensible que le gouvernement français, qui généralement défendait les gouverneurs, s’est senti obligé d’intervenir en l’envoyant passer un séjour en prison, à la Bastille.

Bonne écoute!

Jean-François

Pour en savoir plus :

BAUDRY, René, « DES FRICHES DE MENEVAL, LOUIS-ALEXANDRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

En collaboration avec Émery LeBlanc, « ROBINAU DE VILLEBON, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003

ECCLES, W. J., «Perrot, François-Marie», dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003

LACOURSIÈRE, Jacques, Histoire populaire du Québec, Volume 1, Septentrion, 1995, p. 155 et ss.

MALCHELOSSE, Gérard, « Perrot, neveu de Talon, deuxième gouverneur de Montréal », Cahier des Dix vol.7, Montréal, 1942, pp. 129-160

YON, Armand, « François de Salignac-Fénelon, sulpicien (1641-1679), Le Cahier des Dix, vol 34, Montréal, 1969, pp. 119-143

 

AU SUJET DE LA PRISE DE PORT-ROYAL PAR LES ANGLAIS
«Collection de manuscrits contenant lettres, mémoires, et autres documents historiques relatifs à la Nouvelle-France», Québec, J. Blanchet éd., 1884 (plusieurs pages où il est fait mention de Perrot

AU SUJET DE LA BASTILLE

LAMBERT, Anne-Sophie, La Bastille ou «l’Enfer des vivants»?, BNF

058 – La course à la succession de Frontenac

Bonjour à toutes et à tous!

Aujourd’hui, quand un chef d’État, de gouvernement ou encore d’un parti politique meurt, on lance ce qu’on appelle une «course» à sa succession.

Bien entendu, c’est à prendre au sens figuré. On s’imagine très mal des femmes et des hommes politiques s’affronter sur la piste de course…

Et pourtant, un événement semblable s’est déroulé en Nouvelle-France!

À la fin du mois de novembre 1698, Frontenac est mort soudainement à Québec d’une crise d’asthme alors qu’il était encore gouverneur général de la Nouvelle-France. Les deux candidats favoris pour sa succession étaient Callières et Vaudreuil. Les deux hommes ont rapidement envoyé un messager en France afin de demander le poste de gouverneur général au Ministre de la Marine et au roi. La rivalité entre les deux hommes s’est transformée en véritable course contre la montre. Qui arriverait le premier?

Bonne écoute!

Jean-François

Pour en savoir plus:

Études et articles:
BÉLANGER, Noël, « AMIOT DE VINCELOTTE, CHARLES-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

DORLOT, François, « Louis-Hector de Callières, gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France », Mémoire de maîtrise, Ottawa, Département d’histoire, Université d’Ottawa, 1968

W. J. Eccles, « BUADE, LOUIS DE, comte de FRONTENAC et de PALLUAU », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003–

Nora T. Corley, « LE GARDEUR DE COURTEMANCHE, AUGUSTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

ROY, Pierre-Georges, «Autour de la succession de M. De Frontenac» dans La ville de Québec sous le Régime français. Volume premier, Québec, Service des Archives du gouvernement de la Province de Québec, 1930, pp. 547-548

ROY, Pierre-Georges, « Charles-Joseph Amyot de Vincelotte », Bulletin de Recherches Historiques, vol 25, 1919, pp. 306–315.

ROY, Pierre-Georges, «Le frère de notre gouverneur Callières», Bulletin des recherches historiques, vol. 33, 1927, pp. 48-51

SULTE, Benjamin, « La famille de Callières » in « Déliberations Et Mémoires de la Société Royale Du Canada », Royal Society of Canada, 1891, pp. 91-112

Yves F. Zoltvany, « CALLIÈRE, LOUIS-HECTOR DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

Sources :
« Collection de documents relatifs à l’histoire de la Nouvelle-France », vol. 1, 1492-1712, Québec, A. Côté, pp. 601-602

DE CATALOGNE, Gédéon, « Recueil de ce qui s’est passé en Canada au sujet de la guerre, tant des Anglais que des Iroquois, depuis l’année 1682 », Société littéraire et historique de Québec, Québec, 1800, pp.57-58

059 – Le mauvais caractère de Callières

Bonjour à toutes et à tous!

Dans le dernier épisode de 104 histoires de Nouvelle-France, nous avons vu qu’à la mort de Frontenac, en 1698, Callières et Vaudreuil se sont engagés dans une véritable course contre la montre pour s’assurer d’être le premier à poser sa candidature pour le poste de gouverneur général de la Nouvelle-France.

La course a duré quelques mois et elle a été gagnée par Callières dont l’émissaire est arrivé le premier à la cour du roi, quelques heures à peine avant celui de Vaudreuil.

Mais ça, c’était seulement la première partie de l’histoire.

Callières au moment où il a remplacé Frontenac pendant la période de transition, a montré plus que jamais les côtés désagréables de son caractère.

C’était un homme qui aimait le pouvoir et le prestige. Il semblait n’en avoir jamais assez.

Malgré le fait qu’il occupait le poste le plus important de la Nouvelle-France, il cherchait toujours des moyens d’imposer son autorité et il exigeait de recevoir tous les honneurs, même ceux qui ne lui étaient pas dûs…

Comme pendant une revue des troupes au mois de mai 1699…

Jean-François

Pour en savoir plus:

Études et articles :
DORLOT, François, « Louis-Hector de Callières, gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France », Mémoire de maîtrise, Université de Montréal, 1968, 132p.

FRÉGAULT, Guy, « Un cadet de Gascogne : Philippe de Rigaud de Vaudreuil », « Revue d’histoire de l’Amérique française », vol. 5 num. 1, juin 1951

Sites Internet :

CHARTRAND, René, « La gouvernance militaire en Nouvelle-France », site internet « Bulletin d’histoire politique », publié par l’Association québécoise d’histoire politique

Étienne Taillemite, « TANTOUIN DE LA TOUCHE, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

Raymond Douville, « CRISAFY, ANTOINE DE, marquis de Crisafy », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

Yves F. Zoltvany, « CALLIÈRE, LOUIS-HECTOR DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

Sources :

Chevalier de Sparre, « Code militaire ou compilation des règlemens et ordonnances de Louis XIV – Roy de France et de Navarre, faites pour les Gens de Guerre depuis 1651 jusques à present », Paris, Denys Mariette et Jean-Baptiste Delespine, 1707

« Collection de manuscrits contenant lettres, mémoires, et autres documents historiques relatifs à la Nouvelle-France : recueillis aux archives de la province de Québec, ou copiés à l’étranger », vol. 1, Québec, A. Côté, 1883, pp. 602-603

« Champigny au ministre. Il a réglé la succession de M. de Frontenac. Bon vouloir des Iroquois. Maladie contagieuse. Louvigny demande la majorité des Trois-Rivières. Curés. Communautés. Se plaint des prétentions de M. de Callières », France Fonds des Colonies : Série C11A. Correspondance générale; Canada : C-2381, pp. 81-88

« Lettre du seigneur de la Touche au Ministre au sujet de difficultés survenues entre lui et M. De Callières, qui réclamait certains honneurs », France Fonds des Colonies : Série C11A. Correspondance générale; Canada : C-2381, pp. 147-150

« M. LeRoy de La Poterie, contrôleur de la marine, au ministre. Relativement aux honneurs que réclamait M. de Callières », France Fonds des Colonies : Série C11A. Correspondance générale; Canada : C-2381, pp. 157-161

« M. LeRoy de La Poterie, contrôleur de la marine, au ministre. Autre lettre ajoutant des détails sur le même sujet et sur l’esprit de discorde qui règne dans la colonie », France Fonds des Colonies : Série C11A. Correspondance générale; Canada : C-2381, pp. 162-169

060 – L’automne salé de Vaudreuil

Voici une histoire qui illustre bien ce que je cherche à faire avec 104 histoires de Nouvelle-France.

Je vous présente un événement rarement mentionné dans les livres d’histoires, ce qui m’a obligé à retourner dans les sources pour en apprendre un peu plus.

Il s’agit d’une manifestation organisée par les habitants de Montréal qui protestaient contre le prix exorbitant du sel.

Au début du XVIIIe siècle, les navires qui approvisionnaient la colonie avaient beaucoup de difficulté à se rendre. Pas seulement à cause des dangers de la navigation, mais aussi à cause des Anglais qui les capturaient.

Un des produits qui manquaient le plus à la population était le sel.

Flairant la pénurie prochaine, des marchands de Montréal en ont acheté une grande quantité au Magasin du Roy.

Et voulant profiter de la rareté du produit, ils ont gonflé les prix : le minot de sel qui se vendait généralement aux habitants 4 livres, coûtait maintenant jusqu’à 20 livres!

Le 18 novembre 1704, les habitants n’en pouvaient plus.

Ils ont marché vers la ville par centaines pour, disaient-ils, prendre le sel « de gré ou de force ».

Les autorités françaises souhaitaient une répression sévère à la révolte des habitants. Mais la réponse de Vaudreuil, qui en était à sa première année à titre de gouverneur général de la Nouvelle-France, a marqué une coupure avec ses prédécesseurs, Callières et Frontenac.

Pour en savoir plus:

Études et articles :

Roland-J. Auger, « GALIFFET DE CAFFIN, FRANÇOIS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003

FRÉGAULT, Guy, « Un cadet de Gascogne : Philippe de Rigaud de Vaudreuil », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 5, no 1, 1951, pp. 15-44

FRÉGAULT, Guy, « Politique et politiciens au début du XVIIIe siècle » dans Écrits du Canada Français, vol. 11,  Montréal, 1961, pp. 91-208

C. J. Russ, « LEFEBVRE DUPLESSIS FABER, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003

Yves F. Zoltvany, « RIGAUD DE VAUDREUIL, PHILIPPE DE, marquis de Vaudreuil », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

Yves F. Zoltvany et Donald J. Horton, « PASCAUD, ANTOINE (mort en 1717) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003

Sources :

« M. De Ramezay au ministre. Il se défend de l’accusation portée contre lui par MM. De Vaudreuil et de Beauharnois. Parle des affaires générales de la colonie – 12 octobre 1705 », France Fonds des Colonies : Série C11A. Correspondance générale; Canada : C-2381, pp. 307- (première partie)

« M. De Ramezay au ministre. Il se défend de l’accusation portée contre lui par MM. De Vaudreuil et de Beauharnois. Parle des affaires générales de la colonie – 12 octobre 1705 », France Fonds des Colonies : Série C11A. Correspondance générale; Canada : C-2381, pp. 316- (deuxième partie)

« Le Roi à MM. De Vaudreuil et Raudot – 9 juin 1706 », Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec pour 1938-1939, 1939, Québec, Rédempti Paradis, p. 132

« Lettre de Vaudreuil au ministre (4 novembre 1706) », dans Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec (RAPQ), 1938-1939, p. 164

061 – Pirates de Québec : la bataille de Bonavista

À la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, une grande quantité d’activités de piraterie était encouragée par les gouvernements.

À la fin du XVIIe siècle, le roi Louis XIV a été obligé de se rendre à l’évidence : sa flotte ne faisait pas le poids contre celles de l’Angleterre et de la Hollande.

Il devait trouver une solution.

Et il s’est tourné vers le secteur privé.

L’idée de permettre à des civils d’attaquer des navires ennemis n’était pas nouvelle, mais à la fin du XVIIe siècle, la France l’a intégrée officiellement dans sa stratégie militaire.

C’est ce qu’on appelait la « guerre de course ». Et ceux qui la pratiquaient, on les appelait des « corsaires ».

Et c’est dans ce contexte qu’à l’été 1704, une expédition corsaire contre un des derniers postes anglais de Terre-Neuve, le poste de Bonavista, a été organisée par Jean Léger de la Grange, un marchand de Québec.

 

062 – Enterrements «underground» à Cap-Saint-Ignace

Le 21 décembre 1748, l’intendant Bigot a chargé le sieur Henry Hiché d’enquêter sur des enterrements illégaux qui se déroulaient depuis 1 an dans la paroisse du Cap-Saint-Ignace.

Le problème, c’est que les habitants du coin refusaient d’enterrer leurs morts dans le nouveau cimetière de la paroisse, à cause d’une véritable chicane de clochers…

***
Voici la version audio de la 62e histoire de Nouvelle-France.

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063 – Une pendaison sur le Saint-Laurent

En 1663, une semaine à peine après la création du Conseil souverain, un capitaine de vaisseau a défié les autorités en exécutant un prisonnier devant la ville de Québec, sur le fleuve Saint-Laurent.

L’histoire commence par une tragédie sur l’île de Terre-neuve.

À l’hiver 1663, le gouverneur de Plaisance, son frère et l’aumônier ont été attaqués en pleine forêt pendant une partie de chasse. Le gouverneur et son frère ont été tués, mais l’aumônier, lui, a réussi à s’enfuir.

Et ceux qui les ont attaqués c’étaient leurs propres hommes. Ce n’était pas des corsaires anglais comme on aurait pu le croire.

Malheureusement, on ne sait pas ce qui les a poussés à faire ça. Tout ce qu’on
sait, c’est qu’une fois retournés à Plaisance, c’était la débandade totale ! Ils ont pillé et ils ont bu tout ce qu’ils pouvaient ! Et à la fin, ils sont mis à se battre entre eux.

Si bien que on ne sait pas combien ils étaient au début, mais à la fin, ils étaient environ une quinzaine.

Quelques jours plus tard, l’aumônier, qui mourait de faim en pleine forêt, est revenu au fort. Mais les rebelles lui ont tranché la tête avec une hache et ils lui ont coupé les mains.

Aussitôt qu’ils ont pu, au printemps, les rebelles ont tenté de rejoindre les installations anglaises sur l’île de Terre-neuve parce qu’ils savaient très bien ce qui les attendait si les Français les attrapaient. Mais à chaque fois, ils ont fait naufrage et ils ont été obligés de revenir Plaisance.

Et il avait raison d’avoir peur…

Au mois de septembre 1663, un vaisseau français est arrivé à Plaisance. Quand le capitaine a appris ce qui s’était passé, il n’a fait ni une ni deux : il fait arrêter les rebelles, les a fait monter sur son vaisseau, ensuite direction Québec pour les juger !

Pour gérer des situations comme celle là dans un pays, c’est important de pouvoir compter sur
des institutions stables, surtout en matière de justice.

Malheureusement en Nouvelle-France, c’est justement ce qu’on n’avait pas à ce moment-là.

Avant 1663, la Nouvelle-France fonctionnait sous un système de partenariat public-privé (un PPP). Elle était administrée par la compagnie des Cent-Associés au nom du roi de France.

Mais il ne faut pas se tromper : c’était réellement une entreprise privée ! On aurait pu appeler ça la « Compagnie des Cent-Actionnaires» que ça aurait fait la même affaire (quoi que avouons-le : la compagnie des Cent-Associés, ça sonne mieux!).

Quand Louis XIV est monté sur le trône, il a décidé de laisser tomber le PPP. Pour lui, l’aventure des Cent-Associés c’était un échec.

Il a décidé de créer une administration qui relèverait directement de lui : le Conseil souverain. Mais un changement aussi gros dans l’administration d’un pays, ça se fait pas en criant « ciseau ! ».

Et disons que la tragédie qui s’est passée à Terre-neuve, bien, c’est peut-être arrivé à un mauvais moment pour le conseil souverain.

Pour vous donner une bonne idée : le vaisseau dont j’ai parlé jusqu’à maintenant faisait, en fait, partie d’une flotte de deux vaisseaux qui étaient arrivés de France et qui s’étaient séparés dans le Golfe du Saint-Laurent. Et l’autre vaisseau, le navire amiral, avait continué jusqu’à Québec avec à son bord l’évêque et aussi le nouveau gouverneur général chargés tous deux de créer le conseil souverain de la Nouvelle-France.

Ce n’est pas comme si les nouveaux administrateurs de la Nouvelle-France ont vraiment eu le temps de se préparer : à peine arrivés à Québec, ils ont dû tout mettre en place et créer le conseil souverain de la Nouvelle-France et une semaine plus tard déjà, ils sont aux
prises avec une quinzaine de rebelles qui ont assassiné le gouverneur de Plaisance !

Quand le vaisseau est arrivé à Québec, autour du 22 septembre 1663, les prisonniers ont été transférés dans le vaisseau amiral, commandé par le capitaine Gargot.

Le capitaine Gargot a ensuite demandé aux autorités de Québec d’envoyer des officiers à bord pour pouvoir juger les rebelles. Mais les autorités de Québec avaient autre chose en tête. Ils ont exigé que le capitaine Gargot leur remette les prisonniers afin qu’ils puissent être jugés par le conseil souverain.

Mais pour le capitaine Gargot, il n’en était pas question.

Il a réuni les officiers des deux navires et il a organisé un procès selon et je cite : « les
formalités de la justice maritime ».

Malheureusement, on n’est pas les détails du procès. Tout ce qu’on sait, c’est que deux hommes seulement ont été condamnés.

Le premier, le meurtrier de l’aumônier, a été condamné à avoir les mains coupées, à être pendu et à être brûlé.

Et l’autre a été condamné à servir de bourreau.

Finalement, le capitaine Gargot a fait construire un énorme radeau sur le fleuve Saint-Laurent, en face de la ville de Québec.

C’est là que l’exécution eu lieu, sous le regard impuissant des nouveaux administrateurs de la Nouvelle-France.

J’aimerais bien vous dire que le capitaine Gargot a regretté son geste et qu’il a été puni, une fois rentré en France.

Mais, en fait, pas du tout.

On l’a plutôt envoyé en mission en Suède, d’où il est revenu malade et il est mort quelques mois plus tard.

Mais pour les membres du conseil souverain, j’ai l’impression que ça a été un coup dur. Parce que si on retrouve dans les archives l’ordre donné au capitaine Gargot de faire descendre les hommes à terre, et bien, après… plus rien.

Rien sur l’exécution, comme si en n’en parlant pas, c’était pas arrivé…

Des photos de personnes nées avant la fin de la Nouvelle-France

Saviez-vous qu’il existait des photos de personnes nées à une époque où la Nouvelle-France existait toujours?

Aujourd’hui, je vous en présente quelques-unes.

La peste de 1720 2e partie : Plus ça change….

Voici la 2e capsule sur la réaction des habitants de Marseille dans les premiers mois de la peste de 1720.

Bonne écoute!

Le mensonge d’Anne Edmond

En 1696, une jeune fille de 16 ans, Anne Edmond, s’est habillée en homme et s’est présentée devant le gouverneur Frontenac pour tenter de l’empêcher de quitter Québec avec les troupes pour aller faire la guerre.

Bonne écoute!

Vivre la peste de 1720 – 1. PESTE et COMPLOTS

Voici la première de 2 capsules sur la réaction des habitants de Marseille dans les premiers mois de l’épidémie de peste de 1720.

En préparant la capsule «La Quarantaine Marseillaise», je suis tombé sur des témoignages de gens qui ont vécu la première vague.

Quelle surprise!

Personne ne niera qu’au XVIIIe siècle, la peste, c’était dangereux! J’ai toujours cru que pour survivre, on devait la prendre au sérieux, mettre en place des mesures de sécurité et surtout, les suivre.

Mais en 1720, à Marseille, ça ne s’est pas du tout passé comme ça…

Bonne écoute!

Jean-François